mardi 29 novembre 2016

CHEZ LA GRAND-MERE

Aujourd’hui, J. a prévu que je parte avec son fils pour voir la grand-mère et surtout donner mon avis sur une future guest-house. (Mais qu’est-ce qu’ils ont tous à vouloir construire des guest-houses ?). Le départ est prévu ce matin à 9 heures. Ce qui signifie qu’après avoir pris deux toasts, un grand thé vert à 9 h j’ai encore le temps d’aller faire la lessive, lire 53 mails sur mon ordinateur (merci la clé 4G). A 11 h on m’appelle, mais pour prendre le petit déjeuner et je reprends une crêpe à la pomme de terre avec du yaourt.  A midi, J. me dit que finalement nous partirons tous ensemble chez la grand-mère. Parfait. On va y aller. J’ai donc encore le temps de passer aux toilettes, me laver les dents et d’éplucher deux kilos de petits pois qu’on va emmener.
Je commence à me faire à leur rythme indien. Je sais maintenant que lorsque J. me dit d’un air agité, « on part, tu es prête ? » cela sous-entend : « dans deux heures ». J’ai tout compris.

La mère de J. et de G. habite tout près à quelques kilomètres de bien mauvaises pistes avec des passages en sable, un brise-vitesse tellement haut qu’il faut appeler quelqu’un pour qu’il pioche la butée et diminue la hauteur pour éviter que la voiture reste perchée.
vue nord sur la ferme
vue Sud sur la ferme
La propriété des parents de J. s’étend sur plus de sept mille hectares de désert et sa mère veuve tient encore tout ça de main ferme. Elle a encore quelques ouvriers agricoles de temps en temps mais dans les beaux jours de la propriété il y avait une équipe de quinze journaliers qui travaillaient pour les légumes et les céréales. Seuls quelques hectares sont fertiles grâce à l’irrigation.
le cénotaphe du grand-père sur une colline au-dessus de la ferme
Je passe ma journée à vagabonder d’une collinette à l’autre. J. m’avait fait envie en parlant de randonnée dans les montagnes mais nous n’avons pas les mêmes références et je ne vois pas ce que des touristes pourraient bien venir faire ici. Son frère qui nous a rejoint voudrait bien voir des touristes profiter du silence et de la solitude des lieux. Mais j’essaie de lui faire comprendre que nous avons plus près, moins cher, comme le Maroc pour avoir les mêmes choses. Nul besoin de venir se perdre au milieu du désert du Rajasthan. Il me parle alors de projets de loisirs pour occuper les gens comme… faire de la moto sur les collines. Ben oui, pourquoi pas rajouter de la pollution et du bruit dans ce paysage trop tranquille ? Je lui démolis ça tout de suite, pas question, et pourquoi pas un parc d’attractions ?

Je pense que j’y suis allée un peu fort dans la démolition de leur projet de guest-house, à croire qu’il n’y a que ça à faire pour placer son argent et surtout en perdre.
Je passe mon après-midi sur les chemins déserts à profiter du silence sublime.
le bonheur... perchée sur ma colline !
Au soleil couchant, rencontre avec les petits gardiens de chèvres qui travaillent aussi sur la propriété.
les adorables petits chevreaux



Puis le mari de G. arrive avec sa jeep militaire et les alcools. 

la jeep
Soirée feu de bois sous la nuit étoilée, le cuisinier fait cuire le lapin dans le chaudron. Les hommes partent en jeep, fusil à l’avant pour tirer quelques lapins, et reviennent bredouilles après avoir rencontré un sanglier.
le lapin est en train de mijoter sur le feu de bois, les hommes mangent dehors.
Les hommes restent dehors, sous les étoiles, à manger leur lapin, bien arrosé de whisky. Au moins il n'y a pas de femmes qui leur disent : "arrête de boire autant" !
Les femmes mangent végétarien (et sans alcool) à l’intérieur de la cuisine, la grand-mère aplatit les chapatis avec dextérité, art et conscience et les fait cuire au feu de bois ce qui leur donne un goût inégalable. H1 en mangera tellement qu’il en finira quasi malade.
le repas en famille et entre femmes

la préparation des chapatis au feu de bois, un régal !
on va pouvoir bientôt manger...
On se croirait dans une réunion de bonnes copines, c’est sympa, chaleureux, de partager ce bon repas ensemble.
Dans cette famille, on peut manger de la viande, mais jamais à l’intérieur de la maison, ni y faire la vaisselle de plats ayant contenu de la viande. Pas d’ostracisme mais pas de pollution.
A la fin de la soirée, J. décide de rester coucher chez sa mère et garde la voiture. Nous rentrons tous en jeep, dans une nuit piquetée d’étoiles avec un chauffeur fou et bourré. Nous sommes tous cramponnés les uns aux autres et moi à la roue de secours en plus et nous avons droit à un gymkhana délirant à travers les raccourcis sablonneux de la propriété et les épineux qui nous font baisser la tête. Je me suis souvenue en souriant des tours de chenille de la vogue lyonnaise que j’allais faire en cachette en sortant du lycée quand la vogue était encore sur le cours de Verdun.
Nous arrivons enfin à la guest-house, l’estomac un peu à la renverse et le chauffeur en rage car ses deux cuisiniers sont partis boire et ne sont pas rentrés. Lui, il boit, mais il rentre…

lundi 28 novembre 2016

MONEY MONEY


Nous sommes à Jaisalmer avec toute la petite famille. Après la journée d’hier où tout le monde est parti sauf moi (pas d’étranger espion, on ne sait jamais) visiter un temple à la frontière pakistanaise, nous avons normalement la journée pour faire les sites principaux de Jaisalmer et en bonne accompagnatrice, j’ai demandé à tout le monde d’être prêt pour 9 h. Bien sûr, et comme prévu nous partons à 10 h 30. La jeune mariée a perdu hier sa bague de fiançailles et semble ne pas s’en préoccuper, bien qu’ensuite elle fasse le reproche qu’on ne l’a pas aidé alors que tout le monde a cherché. Soi-disant perdu dans le lit… mais il paraît que ce n’est pas la première fois qu’elle perd quelque chose et souhaitons que ça réapparaisse quelque part dans ses affaires. Mais là, son mari en fait quasi une dépression.
Je les emmène visiter les temples jains qui les ravis, de la dentelle de pierre sculptée dans un bloc unique.

Puis nous passons au Fort Palace. Entrée payante même pour les Indiens. Je propose de les attendre car je ne peux me permettre de payer les 300 roupies d’entrée pour les étrangers compte tenu de la difficulté à trouver de l’argent actuellement. Mais G se fait fort de tous nous faire entrer sans payer… Elle va voir au bureau et ressort avec un beau papier jaune offrant la gratuité pour sept personnes. C’est là que j’ai appris que la sœur de son beau-père faisait partie de la famille royale d’Udaipur. On a les relations qu’on peut.

la vue générale sur Jaisalmer depuis la terrasse du palais
Suite du programme : la visite des magnifiques havelis dans la ville basse, que personne ne verra cette fois. Les boutiques, quel malheur ! Et surtout les négociations, les marchandages comme je n’ai jamais vu, les discussions à n’en plus finir pour quelques roupies. Et je t’emporte le sac, je vais demander l’avis de mon fils, et si c’était moins cher ailleurs, comment faire ? Parfois c’est même un tel acharnement pour gagner deux cents roupies chez mon bijoutier ami que j’en ai quasiment honte. A croire que leur nourriture du lendemain en dépend.
Même séquence au marché aux légumes avant que nous arrivions à destination. A faire recompter dix fois les marchandises, enlevant une fois les choux-fleurs considérés comme trop cher, recalculant après rajout des dits choux-fleurs mais sans le gingembre, et plus quelques pommes de terre à rajouter gratuitement, et le bouquet de coriandre, et les petits piments verts. Je prends des leçons pour devenir dure en affaires. Mais comme ça je n’y arriverai jamais.

A la sortie de Jaisalmer il paraît qu’il y a un nouveau musée de la guerre tout neuf qui vient d’ouvrir. Alors que nous avons déjà deux heures de retard sur le programme prévu, qu’à cause des derniers achats les havelis sont passées à la trappe, la voiture s’engage dans l’entrée du musée. Arrêt par le planton, ouverture du coffre pour vérification. Les bagages de sept personnes plus les cadeaux, non ce n’est pas nous qui transportons les sacs de billets de mille roupies pour les enterrer au milieu du désert… pas de bombe non plus. OK on peut passer, mais j’explique quand même que je suis non-violente et que ce musée ne m’intéresse pas, je les attendrais. C’était pour moi la visite ? Trop gentil. Mais alors, il faut me demander mon avis AVANT, c’est préférable. Nous reprenons la route en disant tous en chœur que nous sommes déjà trop en retard. Ouf !
A 18 h il fait grand noir et nous nous trompons deux fois de chemin. Nous arrivons enfin à Phalodi chez G et son mari, gros ogre bourru, et sa jolie petite guest-house au sommet de la colline. On débarrasse le coffre, les légumes. Douche et seulement après on commence à faire la cuisine. Repas à 22 h 30 puis je file dans ma tente royale et m’écroule sous ma couette.

les grandes tentes de la guest-house sur la colline
la chambre et au fond la salle de bain (avec eau chaude !) le meilleur sommeil que
j'ai eu en Inde c'était là !


samedi 26 novembre 2016

TRADITIONS


Les 7 personnages principaux : J. mon amie indienne, son fils H1 et sa jeune femme H2, G. la sœur de J. et ses deux enfants : une fille C. 22 ans et un fils 7 ans ½, et moi. Je leur ai promis l'anonymat !
Une voiture Suzuki Maruti de 5 places.

Si nous étions partis à 9 h comme prévu nous aurions dû arriver à l’heure à laquelle nous sommes partis. Mais voilà, c’est l’Inde et ses retournements, ses virevoltes, ses changements et ses accès d’humeur. Chacun passe du temps à manger, à préparer des plats, et de thé en petit déjeuner, de parata en dosa, nous arrivons gentiment à midi et demi. Je demande alors à la ronde si nous attendons le coucher du soleil pour partir.
Dans cette journée de voyage entre Phalodi et Jaisalmer l’arrêt à Ram Deora temple célèbre dans la région, était prévisible. Arrêt dévotion auquel je ne participe pas (étant venue maintes fois dans ces lieux) mais où je reste dans l’allée qui mène au temple pour regarder les femmes faire leurs achats et prendre quelques photos sur ce qui se passe autour de moi. 
venir au temple c'est aussi une belle occasion pour renouveler ses bracelets !

dans l'allée qui mène au temple, nombreuses sont les tentations pour les femmes !

Mais l’arrêt chez les cousins archi-lointains, les arrière-arrière grands-pères des deux familles devaient être des frères si j’ai bien compris, je n’étais pas au courant. Magnifique demeure, double entrée, la première pour le parc et les dépendances, la seconde pour la maison et le grand jardin. Demeure luxueuse et de bon goût. Beaux objets de collection, tableaux, carrelage en marbre (mais en Inde c’est d’un banal), visite de toutes les chambres, combien ? Quatre ? Toutes de couleurs différentes, situées dans l’immense couloir, aperçu du bureau et installation dans l’immense salon avec magnifique bibliothèque. La maîtresse de maison nous présente petits biscuits, sucreries, cacahuètes épicées, une fois comme on dirait en Belgique. Vous refusez par politesse et c’est tant pis pour vous. Ce ne sont pas les élections, il n’y a pas de deuxième tour.

le couloir de cette belle demeure bourgeoise
Le monsieur, charmant, était un ingénieur civil très haut placé.
Nouvelles de la famille, visite du jardin avec cénotaphe du grand-père et nous repartons.

Suite de la route, qui était bonne auparavant et qui est de nouveau en construction, agrandissement, je ne sais quoi mais toujours est-il que ça brinqueballe, ça sursaute, ça hoquète entre les trous et les bosses, il faut contourner, éviter, zigzaguer tout en prenant soin d’échapper au frôlement des camions qui fonce dans la poussière et les jappements de klaxon. Ne pas oublier que nous sommes sept dans la voiture, plus les bagages qui vont avec, la nourriture en plus (hors de question de manger au restaurant, on prépare tout pour pouvoir faire la cuisine là où on arrive).

Nous tournons à droite quelque part entre Pokaran et Jaisalmer. Enorme arc de triomphe en construction, grès sculpté finement, qui indique l’entrée du domaine qui mène au temple hindou de la déesse I Mata vénérée par la caste des rajpoutes.

le petit temple à l'entrée
tour du jardin au soleil couchant
on fait le tour du sanctuaire, au fond les fameuses chambres neuves
les petits kikis attachés aux fenêtres pour les voeux divers
la déesse I Mata

devant le sanctuaire de la déesse
le premier temple à l'entrée


Visite, prières, offrandes, puja. Le temple s’agrandit et possède un dharamsala avec une magnifique rangée de chambres neuves. J. propose que nous couchions là ce soir. Ah bon ? Et pas chez la belle-sœur de la sœur de la cousine qui est sensée nous attendre ce soir à Jaisalmer ? J. me dit que non, personne ne nous attend vraiment. Encore une fois, rien compris au film. J. est emballée à l’idée de passer la soirée ici, se promener dans le domaine immense où paissent les trente mille vaches du troupeau, admirer le coucher de soleil. Géant le coucher de soleil sur toutes ces cornes luisantes de lumière… pas osé demander qu’on s’arrête pour que je fasse la photo du siècle ! Et le dîner alors ? Le temple doit bien s’en occuper ! Nous devons pour cela passer au bureau ce que notre petite équipe fait d’un pas décidé, je traîne un peu car je me doute bien de la suite vu que personne ne se trouve dans ce temple en tant que pèlerin.
Au bureau : nous désirons coucher là ? Pas de problème ! Comme partout en Inde, jamais de problème. Mais les belles chambres ne sont pas terminées, nous vous proposons cette chambre nous dit le directeur en nous ouvrant une sombre porte dans un sombre couloir nous montrant une sombre pièce avec seule une couverture bariolée posée sur toute la surface de la pièce. Tout ça pour nous sept ? Ooooh ! Et le repas ? Voyez en face s’ils font quelque chose, de l’autre côté de la place.
Nul besoin de concertation, tout le monde est du même avis, nous remontons tous les sept dans la voiture, direction Jaisalmer et je rate ma belle photo de soleil couchant sur têtes de buffles.
H1. le fils de J. qui a pris le volant me demande ce qu’on peut voir en arrivant à Jaisalmer. Comme je commence à savoir que les Indiens n’ont aucune notion du temps, je lui fais une proposition de s’arrêter à Ghadi Sar lake tout en sachant qu’il fera tellement sombre quand nous y arriverons que ce n’est pas la peine d’y penser. Nous ne nous y arrêterons que le surlendemain sur le chemin du retour.

le surlendemain au bord du lac Gadhisar
On stoppe quand même à quelques pas de ce lieu pour savoir où aller car J. qui a visité cette famille de cousins il y a quelques mois n’a pas l’adresse ni le numéro de téléphone et ne sait plus par où passer. Intéressant. Vingt minutes et dix coups de fil plus tard, elle finit par avoir quelques infos : le nom et le lieu. Bien joué ! Mais comment trouver la maison de K.S.S. à Amar Sagar dans la nuit noire quand le lieu s’étend sur des kilomètres avec d’innombrables petites routes partant dans tous les sens au milieu du désert ? D’échoppe de thé encore ouverte en épicerie qui plie bagages, de conducteur de rickshaw complaisant en piéton compatissant, J. finit par reconnaître la maison. Ouf ! On ne couchera pas dehors ce soir.
On nous ouvre le portail de la maison des invités et J., sa sœur G. et la grand-mère de la maison dont je ne connaîtrai pas l’arbre généalogique, se mettent à papoter devant une tasse de thé indien. H2 (la femme de H1, le fils de J.) se tient coite dans un coin du salon, son voile rose rabaissé sur ses yeux de bonne jeune mariée obéissante et moi, quasi en face d’elle sur le sofa qui essaie d’attraper son regard. La conversation va bon train à côté. Petit signe de connivence avec H2 qui lève enfin les yeux mais je dois m’y reprendre à trois fois avant qu’elle ne m’adresse un petit sourire contrit. Je lui lance un gros clin d’œil en lui demandant par gestes discrets de venir me rejoindre. Petit signe d’impuissance. J’insiste en sortant délicatement le coin de mon album de sudoku, elle se laisse convaincre et vient me retrouver sur le sofa à petits pas compassés dans sa belle robe bleue satinée.
Complices dans nos sudoku nous laissons se débobiner les conversations en face de nous. Je me demande combien de temps ça va durer, si on va pouvoir manger, coucher ici, car le temps passe et il est déjà 21 heures.
Enfin on nous invite à passer de la maison des invités à la maison de famille, en face, de l’autre côté de la route, ce qui est une mesure de faveur et c’est bien parce qu’on est de la famille.
Cette traditionnelle famille rajpoute m’explique G. la sœur cadette de J. maintient encore la bien conservatrice habitude du purdah (censée ne plus exister depuis l’Indépendance) qui fait qu’on cache les femmes dans la maison.
Je prends note et plaint la pauvre femme qui n’arrête pas de recevoir des invités et qui n’en profite même pas, toujours dans la cuisine à préparer quelque chose et ne peut même pas tendre une oreille pour écouter ce qui se dit. C’est la grand-mère qui s’occupe des conversations et tout ça dans la maison des invités. Le personnel s’occupe du service. Heureusement, cette fois les trois femmes s’occupent de la cuisine avec elle et se racontent les derniers potins.
dans la belle grand cuisine, bien aménagée, les femmes s'activent pour le repas
 Mais pas question de coucher dans la maison familiale qui a des chambres libres. Le mari n’est pas là. Nous repartons dans la maison des invités, le jeune couple prendra la chambre avec la salle de bains, et les cinq autres, à savoir J. sa sœur G. et ses deux enfants, la fille 22 ans, fine comme une brindille, artiste peintre, et le fiston galopin 7 ans ½ ainsi que moi, occuperont le salon. Nous nous partageons l’espace entre le lit king size et les sofas et pour ma petite envie au milieu de la nuit j’irai comme les chiens marquer mon territoire dans la cour.

A chaque séjour en Inde, de nouvelles découvertes, façon de vivre, de recevoir, d’inviter…
Seul le partage de l’intimité dans une famille indienne permet de se rendre compte réellement de la condition de la femme, de la façon d’éduquer les enfants, les différences entre pauvres et riches, les traditions de castes.
Mais ici aussi il y a du changement. Je vais dire à J. qu’elle arrête de se prendre pour la reine d’Angleterre en acceptant que sa belle-fille fasse une génuflexion pour lui dire bonjour. Mais après, elle va me dire que les traditions se perdent.

vendredi 25 novembre 2016

L'unique préoccupation du moment : trouver de l'argent !




Dans le quotidien de Jaipur Dainik bhaskar du 24 novembre 2016

Le dessin du jour : les distributeurs de billet deviennent les nouveaux temples indiens : des processions pendant des heures et des prosternations pas trop longues car il faut laisser la place au suivant !

En traduction libre voici les commentaires de ce délicieux dessin :

A la pharmacie : donnez moi des vitamines que je puisse aller jusqu’au distributeur !

Le chauffeur dans la voiture qui transporte un candidat aux futures élections : mettez vous bien debout dans la queue que tout le monde vous voit et vous serez filmé par les médias !

Les voleurs : le métier est foutu, plus personne n’a d’argent dans les poches !

A l’hôpital : on n’a plus besoin d’anesthésiant, montrez leur juste un billet de mille roupies !

Les invités au mariage (où il est de tradition de donner une enveloppe avec de l’argent)  et leur porteur qui transporte un énorme cadeau qui est une boite lourde de pièces de monnaie : le cadeau est lourd mais il y a 1111 roupies en pièces (le 1 est un chiffre porte-bonheur).

A l’entrée de la salle de mariage la pancarte indique : pour les cadeaux, vous trouverez une machine pour carte bancaire près de l’estrade (où se tiennent les mariés)

Dans les cieux, Laxmi, déesse de la richesse et son mari Vishnou : personne à notre temple, toute la procession va pour l’ATM. Et Laxmi : mais aujourd’hui les gens ne peuvent qu’acheter des médicaments (avec un billet de 500 roupies) mais plus de chapatis (pain)

Le long de la montée au « temple ATM » (distributeur de billets) : de haut en bas :

Ceux qui préparent la nourriture le long du chemin : nous faisons aussi les dîners !

La dame au taxi rickshaw : l’ATM s’il vous plait (inutile d’indiquer une autre direction)

Le brahmane assis par terre, astrologue et palmiste (qui lit les lignes de la main) : le client, en tenant ses factures et tendant sa main droite  : dites moi mon avenir !

Les musiciens : et maintenant nous avons notre « raga » du soir !

jeudi 24 novembre 2016

Jaipur ville rose... pas toujours !


Les bidonvilles, aussi à Jaipur !

Un de mes derniers « reportages » sur Jaipur racontait la fête du Soleil, processions, saris éclatants des couleurs du feu, chariots argentés et déités promenées en grande pompe.
Cette fois ci, l’ambiance était tout autre. J’ai eu la chance d’être « introduite » dans une association qui s’occupe d’un des 80 bidonvilles (oui, j’ai bien fait répété le nombre !) qui existent à Jaipur et dont en tant que touristes nous ne soupçonnons absolument pas l’existence.
Tout simplement parce qu’ils ne sont pas dans les lieux touristiques évidemment et que leur existence est pour ainsi dire protégée des regards des curieux par un anonymat tranquille.

l'entrée, bien quelconque du bidonville

Le métro, les ferronniers, la circulation et la vie de tous les jours, mais à droite,
derrière ces écrans de ferraille rouillée, un autre monde.
 
Le long de la voie aérienne du métro, quartier des ferrailleurs et des ferronniers, c’est là. Un portail anonyme, un vague couloir encadré de portails en cours de fabrication et hop un regard  à droite et c’est la salle de classe en plein air avec laquelle je fais connaissance. Les gamins sont plutôt sages mais j’apprends que c’est dû à un sérieux apprentissage car garder des gamins de la rue assis sans trop gesticuler cela tient quasi du miracle.
la "classe" et l'institutrice

Et puis après avoir écouté quelques chants que les enfants sont joyeux de m’offrir je pars à la découverte de ce qu’il y a derrière le mur en passant par la minuscule ruelle. Et là, vision qui m’empoigne le cœur au fil du parcours :  cet immense village aux huttes de guingois, aux masures où se font dorer les vieilles couvertures au soleil de novembre, quelques maisonnettes de brique qui émergent au milieu de ce grouillement d’enfants curieux de voir qui arrive. 
la "rue principale" du bidonville
 
Le dirigeant de l’association m’explique que cinq mille familles, ce qui représente au moins vingt mille personnes au minimum, vivent ici depuis 1986 sur un terrain donné par le gouvernement. Leur lieu précédent étant devenu la proie des investisseurs immobiliers, trop bien placé dans le centre ville.

"au milieu coule une rivière..."
Comment se fait-il qu’aussitôt entrée dans cette zone je suis frappée par la passivité et la non-action au regard des déchets jonchant négligemment le parcours, des eaux sales et polluées apportant insidieusement les maladies aux gamins courant à moitié nus, les tentes de bric et de broc, utilisant des coins libres et pas forcément nettoyés de leurs gravats, et je vois en un clin d’œil tout ce qu’il y a à faire pour que la vie s’améliore doucement mais sensiblement et avec peu d’efforts à condition qu’ils soient collectifs. C’est là tout le travail d’approche de l’association.



Le changement passant par les femmes, il va falloir d’abord les approcher sans les effaroucher, voir leur demande, faire des propositions d’école pour qu’elles sachent un peu lire et écrire et soutenir leurs gamins dans leurs apprentissages car personne n’est fou et tout le monde sait bien que seule l’éducation pourra sauver quelque chose dans cet univers de pauvreté.


samedi 12 novembre 2016

La panique


Entre la peste et le choléra, que choisir ? L’Inde et particulièrement Delhi cumulent en ce moment les difficultés : la pollution atmosphérique qui atteint des niveaux jamais connus et la pollution par la corruption qui se propage de façon endémique.
Armée de patience – qu’il est bon d’acquérir avant de venir en Inde – et d’un bon bouquin, le cœur cousu, de Carole Martinez, un petit bijou, j’ai pu, au bout de deux heures acquérir un peu d’argent pour poursuivre mon périple. La télé locale était présente devant la banque, située au cœur de Delhi. Cela permet d’occuper les gens et les journalistes qui développent le sujet depuis trois jours et remplissent avec ardeur les pages des quotidiens : la ménagère qui ne peut plus faire ses courses habituelles, les jeunes mariés qui supplient leurs invités de ne pas leur donner des enveloppes empoisonnées par des billets de 500 ou de 1000 roupies (pourtant une belle raison de s’en débarrasser !), les commerçants qui sont obligés de fermer boutique car ils ne peuvent plus rendre la monnaie, les agents immobiliers qui voient le prix des maisons dégringoler d’un seul coup, les cinq états qui vont devoir voter prochainement et dont les fonds secrets des partis politiques se trouvent soudainement à mettre à la poubelle. A qui profite le crime ? On raconte aussi que les dirigeants du parti du Premier Ministre étaient au courant depuis une bonne semaine. Ce qui en Inde pourrait s’appeler un « Delhi d’initié ».

En titre : "je ne vous ai jamais dit que je vous rendrais vos billets de 500 roupies".
Cette phrase fait allusion à une promesse électorale de Modi qui avait alors promis
à chaque Indien 15 mille roupies s'il était élu et s'il arrivait à rapatrier l'argent de la
corruption déposé dans les banques suisses !
Il y a aussi ceux qui paniquent et qui vont au bord de la rivière brûler leur monceau de papier imprimé avec le visage de Gandhi et marqués 500 ou 1000 et qu’ils ne pourront jamais mettre à la banque, planqués depuis tant d’années pour des transactions illicites.

Il y a aussi ceux qui se précipitent au marché noir pour sauver quelques pépites en achetant de l’or à des prix himalayens (du style 200 euros le gramme) oui, j’ai mes informateurs…

Il y a aussi les changeurs qui ont pignon sur rue, qui veulent satisfaire les besoins des touristes qui ne savent plus où se tourner et qui achètent des billets de 100 roupies avec une perte de 30 % toujours au marché noir. Le taux de change est actuellement de 50 roupies pour un euro au lieu de 70. Oui, je protège mes sources…

Mais les gens de la rue sont, en général, plutôt satisfaits de ce coup de poing magistral du Premier Ministre (qui a vite filé au Japon pendant ce temps là !). Ils ont l’impression qu’il y a une certaine justice. Mais cela ne va pas rendre les pauvres plus riches, juste certains riches peut-être un peu moins riches.

L’ère de la dématérialisation de la monnaie arrive peut-être et on va enfin pouvoir payer par carte bancaire ailleurs que dans les magasins de luxe et les grands hôtels ? Espérons donc une Inde plus propre et plus respirable dans tous les sens du terme.

mercredi 9 novembre 2016

Halte à la corruption en Inde

Une décision rapide qui a surpris tout le monde au saut du lit ce matin du 9  novembre : les billets de 500 et de 1000 roupies, les plus utilisés en Inde et les plus copiés, vont être retirés de la circulation et tout le monde devra aller porter ses anciens billets pour les faire changer en nouveaux billets de 500 et de 2000 roupies (c'est là où on voit l'inflation).
Et me voilà sans argent pour le moment car tout le monde a dû se ruer sur les distributeurs de billets qui ne crachent plus que des billets de 100 roupies jusqu'à la nouvelle impression ! je sens qu'on va rigoler cette semaine !
ou  comment mettre une panique sans nom dans un pays de 1 milliard 300 millions d'habitants

mardi 8 novembre 2016

Prends donc un bus privé !


Trajet Jaisalmer Jodhpur .
dans le bus, au démarrage (après plus de batterie dommage !)
J’étais venue prendre mon billet la veille à la station de bus. Mais c’était à un agent qui a pris comme commission 50 % du prix du billet ! J’ai fait la comparaison dans le bus avec mon voisin, vite fait de voir ça ! Mais cette entrée en matière m’a permis de faire la connaissance d’un musicien de Jaisalmer, un manganyar, d’une lignée traditionnelle de ces musiciens du désert qui connaissent aussi bien Bartabas (qui les a fait jouer dans un de ses spectacles) que les hôtels 5* de Delhi ou Bombay, Florence ou Vancouver. J’ai donc passé la première partie du trajet à discuter avec lui et à regarder ses vidéos sur son téléphone, à me laisser prendre en selfie avec lui tout en lui recommandant la discrétion sur sa page Facebook !
« Prends un bus privé » m’avait conseillé mon amie de Jodhpur, « ce sera plus confortable ! ».
Sauf que le dossier incliné à 120° ne peut pas se redresser. Quel que soit le siège. Tous bloqués dans cette position où l’on est bien que si on dort.
Sauf que seule la partie droite du bus a une rangée de deux fauteuils et qu’avec le numéro 16 je me trouve dans le fond. Tout le reste du bus est en couchettes. Soit à deux places au-dessus des sièges, soit à une place pour la partie gauche. Et c’est là que ça s’entassent, au rez-de-chaussée comme au premier 4 personnes par couchette. S’entassent donc le grand-père tout de blanc vêtu, avec sa longue « kurta » (chemise) et tenant une grande fourche en bois achetée probablement sur le marché, des jeunes couples avec souvent une divine et belle femme rajpoute aux yeux rieurs, aux longs cheveux noirs tressés bordés de bijoux traditionnels en or et pierres précieuses, un bébé accroché au sein ou plus grand jouant avec sa natte, un marchand musulman avec un calot de coton tricoté à fines côtes sur le crâne, somnolent, un énorme sac d’oignons coincé entre ses pieds au milieu du couloir, beaucoup de jeunes gens (étudiants ?), des hommes avec des boucles d’oreille rajasthani traditionnelles, or et petits rubis, comme des fleurs s'épanouissant dans les cheveux noirs.
Le couloir est plein, sur les couchettes du haut ce sont plutôt des femmes, dont je ne distingue que les voiles orange, jaune ou fuchsia, une au visage plus buriné et aux tongues usées en cuir de chameau.
Le bus s’arrête dans les villes principales, à Pokaran assez suffisamment pour visiter les toilettes du café mais il faut faire vite pendant que s’échangent à travers les vitres ouvertes roupies contre glaces ou cornets de papier remplies de boulettes frites.
Alors quelle différence avec un bus local ? Déjà, il n’y a personne sur le toit ! Et mon bagage a été fermé à clé dans la soute en échange de 40 roupies ce qui me permet d’avoir l’esprit tranquille pendant ces six heures de route. Le bus ne s’arrête pas dans les petits villages et le reste du temps quand l’état de la route le permet, il fonce à toute allure et le chauffeur se prend pour le Miles Davis du klaxon italien. On en prend plein les oreilles même au fond du bus. Et pour le confort je suis vraiment plongée dans l’action du roman que je lis, secouée comme un prunier dans une jeep du siècle dernier  à travers les fondrières de la jungle birmane à la recherche des mines de rubis. Ca me permet de coller à l’histoire facilement. Sauf que les animaux autour sont des éléphants alors qu’ici ce sont des dromadaires. Mais on ne va pas chipoter pour quelques trompes, les cahots eux restent les mêmes.

(1) Joseph Kessel : la vallée des rubis, en vente en français au pied de toutes les bonnes pagodes birmanes.

dimanche 6 novembre 2016

Le non-soleil de Delhi (la lune n'en parlons plus)


Reverra-ton jamais le soleil à Delhi ?
J’avais envie de rester tranquillement quelques jours à Delhi, écrire, me balader un peu et rencontrer quelques amis. Mais d’être littéralement saisie à la gorge du matin au soir dans une atmosphère grise, visqueuse et piquante ne donne guère envie de rester dans la capitale.
Alors que fait-on ? En France on part vers le Sud, ici ce sera vers le Sud-Ouest, le Rajasthan et toujours plus à l’Ouest, à Jaisalmer, cette merveilleuse forteresse du désert. Là je peux espérer avoir un peu d’air pur s’il n’y a pas trop de patrouilles aériennes le long de la frontière pakistanaise.
Mais avant cela il faut aller à la gare, et malheureusement celle de Old Delhi, alors que mon hôtel est à une « walking distance » comme on dit ici de la gare de New Delhi. Une demi-heure de trajet si tout va bien, une heure s’il y a des embouteillages. Et si en plus le conducteur du taxi ne connaît pas le chemin, le tout cumulé ce sera une heure trente. Quelle bénédiction d’avoir pris deux heures de battement pour faire ces cinq kilomètres. Sinon j’aurais été angoissée tout le long du chemin, coincée entre les charrettes à bras chargées de colis monumentaux, les taxis voitures, les autres rickshaws tous bord à bord et mon chauffeur qui se levait de temps en temps de son siège et demandait mine de rien où était la gare… mais j’aurais dû m’en douter car il est parti dès le début en sens inverse… je me suis dit qu’il connaissait peut-être un raccourci et puis, je ne suis quand même pas du coin pour lui dire où passer. C’est là où j’ai béni mes deux heures d’avance. L’écharpe coincée devant le nez, je me suis plongée dans un Sudoku pour éviter de voir qu’on n’avançait pas, que mon chauffeur angoissait un peu mais dans le rétroviseur il me voyait tout à fait cool donc ça l’a rassuré. Je n’ai pas hurlé : « mais dépêchez-vous, je vais rater mon train ! »  car même si je l’avais fait qu’est-ce que ça aurait changé ? je n’ai jamais vu un tel embouteillage de ma vie. D’habitude, ça bouchonne mais ça finit par bouger un peu. J’aurais, bien sûr, été plus vite à pied, mais le problème est : où passer quand on veut aller à pied ? Non, il n’y a aucun endroit où poser les sandales… et encore moins faire rouler une valise. Pour pouvoir traverser la rue, ce qui devenait un exploit digne de Superman, il faut escalader par-dessus les vélos-rickshaws, devenir serpent pour ne pas se faire coincer le haut du corps par un vélo, le bas par une charrette et les bras entre des paquets ficelés disposés en équilibre sur un énorme diable. Les entrelacs de pare-chocs, de roues de toutes sortes, de pattes de buffle tachetées de curcuma (ils avaient été à la fête) et de Royal Enfield formaient un fouillis fumant, bruyant, puant et inextricable.
J’ai bien regretté plusieurs fois de n’avoir pas mon appareil photo à portée de main.
Le rickshaw à peine arrêté enfin devant la gare, un porteur se présente que je m’empresse d’accepter, cela va m’éviter de chercher le quai, de porter mon sac dans les escaliers (toujours pas d’escalators dans cette gare) et s’il y a des changements il le saura. Effectivement, le numéro du train est annoncé sur le quai 9 et au bout de cinq minutes le train arrive sur le quai 8. Mon porteur revient gentiment me trouver, prends mon sac, me dit que c’est ce train là que je dois prendre et me monte le sac dans le wagon jusqu’à ma place. Une façon comme une autre de me forcer la main pour lui donner 50 roupies de plus mais je le fais avec plaisir et je reçois en retour un merveilleux sourire et un petit au-revoir de la main. Pour moins d’un euro de plus je suis bien installée et j’ai fait un heureux car quand on voit comment certains Indiens chipotent sans arrêt en traitant les porteurs comme des esclaves, je me dis que je peux éviter de faire la même chose.
J’ai une couchette en haut, c’est parfait, cela me permettra de faire la grasse matinée ! Un monsieur arrive, il a la couchette du haut en face, puis une famille de trois et le monsieur me propose une couchette en bas au début du wagon. Mais pas question de changer maintenant que je suis bien installée. Et en plus la couchette 3 c’est juste celle à côté de la porte du wagon, donc jamais tranquille pendant la nuit avec tous les gens qui passent pour aller aux toilettes. Voyant que je ne bougerai pas le monsieur d’en face accepte de changer pour que la petite famille soit ensemble. Famille de militaire, donc aisée, probablement rajpoute. La fille, dix ans, coiffe aussitôt son casque, sort son ordi et regarde un film. La jeune femme, en jeans, cheveux noirs mèchés de doré, sort sa tablette et regarde une émission débile où ça rigole toutes les 7 secondes, et sans casque… mon regard un peu insistant fait qu’elle baisse quand même le son.
Soup, tomato soup, ça y est le service de dîner commence à passer dans le couloir, bientôt 19 h, un autre va passer pour prendre les commandes des repas, les vendeurs de bouteilles d’eau, de biscuits apéro, de thé au lait passent en courant dans le couloir ou en traînant sur les mots pour qu’on ait le temps de les appeler.
C’est la vie dans le train de nuit. Et demain matin ça va reprendre pour le thé, quasi au lever du soleil, car lui, va enfin pouvoir se lever, loin de Delhi.

Le soleil je ne l'ai pas vu se lever car j'étais dans le train, mais se coucher, oui,
du haut de la forteresse de Jaisalmer ! ça fait du bien...

samedi 22 octobre 2016

Les artisans de Mandalay - Birmanie


Samedi 22 octobre 2016
Départ de Yangon par avion, nous quittons l’ancienne capitale de 6 millions d’habitants, déjà bien polluée pour Mandalay 2e ville du pays.
Yangon vue d'en haut avec le fleuve Irrawady (qu'on prononce ici Eyawari)
 Nous faisons un stop à Bagan ce qui permet déjà d’avoir un petit aperçu en hauteur de la fameuse plaine aux pagodes à défaut de montgolfière, 350 € par personne le survol, quand même.
la plaine de Bagan vue d'avion avant l'atterrissage
Arrivée à Mandalay sous un ciel gris qui ne tarde pas à se transformer en pluie drue de mousson. Mais nous sommes à l’abri chez des artisans : sculptures sur bois et pierre, fabrication de marionnettes et d’incroyables tapisseries en relief, les kalagas, qu’on fabrique aussi en Thaïlande, 
déjà dans l'ambiance avec l'aéroport-pagode de Mandalay

Les sculpteurs sur bois travaillent dans des conditions bien peu confortables et à peine à l’abri des gouttes. 
des sculptures de toutes sortes en bois de teck

ça coupe, ça taille, ça rabote, dans des conditions moyenâgeuses

comment faire sortir autant de beauté d'un bout de bois ?
Les jeunes filles sont plus à l’aise pour confectionner les marionnettes à fils mais toute cette présentation est faite quand même pour les touristes. Et cela nous a permis de parler de Guignol et Gnafron nos marionnettes lyonnaises bien différentes et dans la manipulation et dans la préciosité !
La jeune femme a les joues "maquillées" au tanaka, bon pour la peau et protégeant
du soleil (la peau blanche est très prisée ici aussi !)


les marionnettes en habit de luxe

Cela permet de se faire quand même une idée de l’incroyable dextérité et savoir-faire de tous ces artisans.
Ceux et celles qui font les broderies kalagas travaillent pendant deux semaines à huit heures par jour pour accomplir un chef-d’œuvre de 30x40, rembourré de coton une fois le dessin terminé.




On passe ensuite entre les gouttes pour aller dans un atelier de bronze qui coule également de très grosses pièces.
pour les grosses pièces il faut procéder morceau par morceau
confection des moules
dans les bouddhas, il y a le choix aussi dans les petites pièces !
Puis on passe chez les marbriers qui taillent des bouddhas en laissant le visage sous forme de bloc. 
 Ensuite en fonction du donateur (car toutes ces statues seront offertes aux pagodes) la tête sera taillée selon son désir : de quelle époque la tête ? le style de coiffure ?

vous le préférez assis ou couché votre bouddha ?

avec des cheveux bouclés ? un petit chignon ? on vous arrange ça tout de suite !

Et pour compléter allez donc voir un blog sympa :  http://bidouze.com/mandalay-myanmar/