mardi 29 novembre 2016

CHEZ LA GRAND-MERE

Aujourd’hui, J. a prévu que je parte avec son fils pour voir la grand-mère et surtout donner mon avis sur une future guest-house. (Mais qu’est-ce qu’ils ont tous à vouloir construire des guest-houses ?). Le départ est prévu ce matin à 9 heures. Ce qui signifie qu’après avoir pris deux toasts, un grand thé vert à 9 h j’ai encore le temps d’aller faire la lessive, lire 53 mails sur mon ordinateur (merci la clé 4G). A 11 h on m’appelle, mais pour prendre le petit déjeuner et je reprends une crêpe à la pomme de terre avec du yaourt.  A midi, J. me dit que finalement nous partirons tous ensemble chez la grand-mère. Parfait. On va y aller. J’ai donc encore le temps de passer aux toilettes, me laver les dents et d’éplucher deux kilos de petits pois qu’on va emmener.
Je commence à me faire à leur rythme indien. Je sais maintenant que lorsque J. me dit d’un air agité, « on part, tu es prête ? » cela sous-entend : « dans deux heures ». J’ai tout compris.

La mère de J. et de G. habite tout près à quelques kilomètres de bien mauvaises pistes avec des passages en sable, un brise-vitesse tellement haut qu’il faut appeler quelqu’un pour qu’il pioche la butée et diminue la hauteur pour éviter que la voiture reste perchée.
vue nord sur la ferme
vue Sud sur la ferme
La propriété des parents de J. s’étend sur plus de sept mille hectares de désert et sa mère veuve tient encore tout ça de main ferme. Elle a encore quelques ouvriers agricoles de temps en temps mais dans les beaux jours de la propriété il y avait une équipe de quinze journaliers qui travaillaient pour les légumes et les céréales. Seuls quelques hectares sont fertiles grâce à l’irrigation.
le cénotaphe du grand-père sur une colline au-dessus de la ferme
Je passe ma journée à vagabonder d’une collinette à l’autre. J. m’avait fait envie en parlant de randonnée dans les montagnes mais nous n’avons pas les mêmes références et je ne vois pas ce que des touristes pourraient bien venir faire ici. Son frère qui nous a rejoint voudrait bien voir des touristes profiter du silence et de la solitude des lieux. Mais j’essaie de lui faire comprendre que nous avons plus près, moins cher, comme le Maroc pour avoir les mêmes choses. Nul besoin de venir se perdre au milieu du désert du Rajasthan. Il me parle alors de projets de loisirs pour occuper les gens comme… faire de la moto sur les collines. Ben oui, pourquoi pas rajouter de la pollution et du bruit dans ce paysage trop tranquille ? Je lui démolis ça tout de suite, pas question, et pourquoi pas un parc d’attractions ?

Je pense que j’y suis allée un peu fort dans la démolition de leur projet de guest-house, à croire qu’il n’y a que ça à faire pour placer son argent et surtout en perdre.
Je passe mon après-midi sur les chemins déserts à profiter du silence sublime.
le bonheur... perchée sur ma colline !
Au soleil couchant, rencontre avec les petits gardiens de chèvres qui travaillent aussi sur la propriété.
les adorables petits chevreaux



Puis le mari de G. arrive avec sa jeep militaire et les alcools. 

la jeep
Soirée feu de bois sous la nuit étoilée, le cuisinier fait cuire le lapin dans le chaudron. Les hommes partent en jeep, fusil à l’avant pour tirer quelques lapins, et reviennent bredouilles après avoir rencontré un sanglier.
le lapin est en train de mijoter sur le feu de bois, les hommes mangent dehors.
Les hommes restent dehors, sous les étoiles, à manger leur lapin, bien arrosé de whisky. Au moins il n'y a pas de femmes qui leur disent : "arrête de boire autant" !
Les femmes mangent végétarien (et sans alcool) à l’intérieur de la cuisine, la grand-mère aplatit les chapatis avec dextérité, art et conscience et les fait cuire au feu de bois ce qui leur donne un goût inégalable. H1 en mangera tellement qu’il en finira quasi malade.
le repas en famille et entre femmes

la préparation des chapatis au feu de bois, un régal !
on va pouvoir bientôt manger...
On se croirait dans une réunion de bonnes copines, c’est sympa, chaleureux, de partager ce bon repas ensemble.
Dans cette famille, on peut manger de la viande, mais jamais à l’intérieur de la maison, ni y faire la vaisselle de plats ayant contenu de la viande. Pas d’ostracisme mais pas de pollution.
A la fin de la soirée, J. décide de rester coucher chez sa mère et garde la voiture. Nous rentrons tous en jeep, dans une nuit piquetée d’étoiles avec un chauffeur fou et bourré. Nous sommes tous cramponnés les uns aux autres et moi à la roue de secours en plus et nous avons droit à un gymkhana délirant à travers les raccourcis sablonneux de la propriété et les épineux qui nous font baisser la tête. Je me suis souvenue en souriant des tours de chenille de la vogue lyonnaise que j’allais faire en cachette en sortant du lycée quand la vogue était encore sur le cours de Verdun.
Nous arrivons enfin à la guest-house, l’estomac un peu à la renverse et le chauffeur en rage car ses deux cuisiniers sont partis boire et ne sont pas rentrés. Lui, il boit, mais il rentre…

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