mardi 8 novembre 2016

Prends donc un bus privé !


Trajet Jaisalmer Jodhpur .
dans le bus, au démarrage (après plus de batterie dommage !)
J’étais venue prendre mon billet la veille à la station de bus. Mais c’était à un agent qui a pris comme commission 50 % du prix du billet ! J’ai fait la comparaison dans le bus avec mon voisin, vite fait de voir ça ! Mais cette entrée en matière m’a permis de faire la connaissance d’un musicien de Jaisalmer, un manganyar, d’une lignée traditionnelle de ces musiciens du désert qui connaissent aussi bien Bartabas (qui les a fait jouer dans un de ses spectacles) que les hôtels 5* de Delhi ou Bombay, Florence ou Vancouver. J’ai donc passé la première partie du trajet à discuter avec lui et à regarder ses vidéos sur son téléphone, à me laisser prendre en selfie avec lui tout en lui recommandant la discrétion sur sa page Facebook !
« Prends un bus privé » m’avait conseillé mon amie de Jodhpur, « ce sera plus confortable ! ».
Sauf que le dossier incliné à 120° ne peut pas se redresser. Quel que soit le siège. Tous bloqués dans cette position où l’on est bien que si on dort.
Sauf que seule la partie droite du bus a une rangée de deux fauteuils et qu’avec le numéro 16 je me trouve dans le fond. Tout le reste du bus est en couchettes. Soit à deux places au-dessus des sièges, soit à une place pour la partie gauche. Et c’est là que ça s’entassent, au rez-de-chaussée comme au premier 4 personnes par couchette. S’entassent donc le grand-père tout de blanc vêtu, avec sa longue « kurta » (chemise) et tenant une grande fourche en bois achetée probablement sur le marché, des jeunes couples avec souvent une divine et belle femme rajpoute aux yeux rieurs, aux longs cheveux noirs tressés bordés de bijoux traditionnels en or et pierres précieuses, un bébé accroché au sein ou plus grand jouant avec sa natte, un marchand musulman avec un calot de coton tricoté à fines côtes sur le crâne, somnolent, un énorme sac d’oignons coincé entre ses pieds au milieu du couloir, beaucoup de jeunes gens (étudiants ?), des hommes avec des boucles d’oreille rajasthani traditionnelles, or et petits rubis, comme des fleurs s'épanouissant dans les cheveux noirs.
Le couloir est plein, sur les couchettes du haut ce sont plutôt des femmes, dont je ne distingue que les voiles orange, jaune ou fuchsia, une au visage plus buriné et aux tongues usées en cuir de chameau.
Le bus s’arrête dans les villes principales, à Pokaran assez suffisamment pour visiter les toilettes du café mais il faut faire vite pendant que s’échangent à travers les vitres ouvertes roupies contre glaces ou cornets de papier remplies de boulettes frites.
Alors quelle différence avec un bus local ? Déjà, il n’y a personne sur le toit ! Et mon bagage a été fermé à clé dans la soute en échange de 40 roupies ce qui me permet d’avoir l’esprit tranquille pendant ces six heures de route. Le bus ne s’arrête pas dans les petits villages et le reste du temps quand l’état de la route le permet, il fonce à toute allure et le chauffeur se prend pour le Miles Davis du klaxon italien. On en prend plein les oreilles même au fond du bus. Et pour le confort je suis vraiment plongée dans l’action du roman que je lis, secouée comme un prunier dans une jeep du siècle dernier  à travers les fondrières de la jungle birmane à la recherche des mines de rubis. Ca me permet de coller à l’histoire facilement. Sauf que les animaux autour sont des éléphants alors qu’ici ce sont des dromadaires. Mais on ne va pas chipoter pour quelques trompes, les cahots eux restent les mêmes.

(1) Joseph Kessel : la vallée des rubis, en vente en français au pied de toutes les bonnes pagodes birmanes.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Et si vous avez votre mot à dire, n'hésitez pas !