Les 7 personnages principaux : J. mon amie indienne,
son fils H1 et sa jeune femme H2, G. la sœur de J. et ses deux enfants :
une fille C. 22 ans et un fils 7 ans ½, et moi. Je leur ai promis l'anonymat !
Une voiture
Suzuki Maruti de 5 places.
Si nous étions partis à 9 h comme
prévu nous aurions dû arriver à l’heure à laquelle nous sommes partis. Mais
voilà, c’est l’Inde et ses retournements, ses virevoltes, ses changements et
ses accès d’humeur. Chacun passe du temps à manger, à préparer des plats, et de
thé en petit déjeuner, de parata en dosa, nous arrivons gentiment à midi et
demi. Je demande alors à la ronde si nous attendons le coucher du soleil pour
partir.
Dans cette journée de voyage
entre Phalodi et Jaisalmer l’arrêt à Ram Deora temple célèbre dans la région,
était prévisible. Arrêt dévotion auquel je ne participe pas (étant venue
maintes fois dans ces lieux) mais où je reste dans l’allée qui mène au temple
pour regarder les femmes faire leurs achats et prendre quelques photos sur ce
qui se passe autour de moi.
|
venir au temple c'est aussi une belle occasion pour renouveler ses bracelets ! |
|
dans l'allée qui mène au temple, nombreuses sont les tentations pour les femmes ! |
Mais l’arrêt chez les cousins
archi-lointains, les arrière-arrière grands-pères des deux familles devaient
être des frères si j’ai bien compris, je n’étais pas au courant. Magnifique
demeure, double entrée, la première pour le parc et les dépendances, la seconde
pour la maison et le grand jardin. Demeure luxueuse et de bon goût. Beaux
objets de collection, tableaux, carrelage en marbre (mais en Inde c’est d’un
banal), visite de toutes les chambres, combien ? Quatre ? Toutes de
couleurs différentes, situées dans l’immense couloir, aperçu du bureau et
installation dans l’immense salon avec magnifique bibliothèque. La maîtresse de
maison nous présente petits biscuits, sucreries, cacahuètes épicées, une fois
comme on dirait en Belgique. Vous refusez par politesse et c’est tant pis pour
vous. Ce ne sont pas les élections, il n’y a pas de deuxième tour.
|
le couloir de cette belle demeure bourgeoise |
Le monsieur, charmant, était un
ingénieur civil très haut placé.
Nouvelles de la famille, visite
du jardin avec cénotaphe du grand-père et nous repartons.
Suite de la route,
qui était bonne auparavant et qui est de nouveau en construction,
agrandissement, je ne sais quoi mais toujours est-il que ça brinqueballe, ça
sursaute, ça hoquète entre les trous et les bosses, il faut contourner, éviter,
zigzaguer tout en prenant soin d’échapper au frôlement des camions qui fonce
dans la poussière et les jappements de klaxon. Ne pas oublier que nous sommes
sept dans la voiture, plus les bagages qui vont avec, la nourriture en plus (hors de question de manger au restaurant, on prépare tout pour pouvoir faire la cuisine là où on arrive).
Nous tournons à droite quelque
part entre Pokaran et Jaisalmer. Enorme arc de triomphe en construction, grès
sculpté finement, qui indique l’entrée du domaine qui mène au temple hindou de
la déesse I Mata vénérée par la caste des rajpoutes.
|
le petit temple à l'entrée |
|
tour du jardin au soleil couchant |
|
on fait le tour du sanctuaire, au fond les fameuses chambres neuves |
|
les petits kikis attachés aux fenêtres pour les voeux divers |
|
la déesse I Mata |
|
devant le sanctuaire de la déesse |
|
le premier temple à l'entrée |
|
|
|
Visite, prières,
offrandes, puja. Le temple s’agrandit et possède un dharamsala avec une
magnifique rangée de chambres neuves. J. propose que nous couchions là ce soir.
Ah bon ? Et pas chez la belle-sœur de la sœur de la cousine qui est sensée
nous attendre ce soir à Jaisalmer ? J. me dit que non, personne ne nous
attend vraiment. Encore une fois, rien compris au film. J. est emballée à
l’idée de passer la soirée ici, se promener dans le domaine immense où paissent
les trente mille vaches du troupeau, admirer le coucher de soleil. Géant le coucher
de soleil sur toutes ces cornes luisantes de lumière… pas osé demander qu’on
s’arrête pour que je fasse la photo du siècle ! Et le dîner alors ?
Le temple doit bien s’en occuper ! Nous devons pour cela passer au bureau
ce que notre petite équipe fait d’un pas décidé, je traîne un peu car je me
doute bien de la suite vu que personne ne se trouve dans ce temple en tant que
pèlerin.
Au bureau : nous désirons
coucher là ? Pas de problème ! Comme partout en Inde, jamais de
problème. Mais les belles chambres ne sont pas terminées, nous vous proposons
cette chambre nous dit le directeur en nous ouvrant une sombre porte dans un
sombre couloir nous montrant une sombre pièce avec seule une couverture
bariolée posée sur toute la surface de la pièce. Tout ça pour nous sept ?
Ooooh ! Et le repas ? Voyez en face s’ils font quelque chose, de
l’autre côté de la place.
Nul besoin de concertation, tout
le monde est du même avis, nous remontons tous les sept dans la voiture,
direction Jaisalmer et je rate ma belle photo de soleil couchant sur têtes de
buffles.
H1. le fils de J. qui a pris le
volant me demande ce qu’on peut voir en arrivant à Jaisalmer. Comme je commence
à savoir que les Indiens n’ont aucune notion du temps, je lui fais une
proposition de s’arrêter à Ghadi Sar lake tout en sachant qu’il fera tellement
sombre quand nous y arriverons que ce n’est pas la peine d’y penser. Nous ne
nous y arrêterons que le surlendemain sur le chemin du retour.
|
le surlendemain au bord du lac Gadhisar |
On stoppe quand
même à quelques pas de ce lieu pour savoir où aller car J. qui a visité cette
famille de cousins il y a quelques mois n’a pas l’adresse ni le numéro de
téléphone et ne sait plus par où passer. Intéressant. Vingt minutes et dix
coups de fil plus tard, elle finit par avoir quelques infos : le nom et le
lieu. Bien joué ! Mais comment trouver la maison de K.S.S. à Amar Sagar
dans la nuit noire quand le lieu s’étend sur des kilomètres avec d’innombrables
petites routes partant dans tous les sens au milieu du désert ? D’échoppe
de thé encore ouverte en épicerie qui plie bagages, de conducteur de rickshaw
complaisant en piéton compatissant, J. finit par reconnaître la maison.
Ouf ! On ne couchera pas dehors ce soir.
On nous ouvre le portail de la
maison des invités et J., sa sœur G. et la grand-mère de la maison dont je ne
connaîtrai pas l’arbre généalogique, se mettent à papoter devant une tasse de
thé indien. H2 (la femme de H1, le fils de J.) se tient coite dans un coin du
salon, son voile rose rabaissé sur ses yeux de bonne jeune mariée obéissante et
moi, quasi en face d’elle sur le sofa qui essaie d’attraper son regard. La
conversation va bon train à côté. Petit signe de connivence avec H2 qui lève
enfin les yeux mais je dois m’y reprendre à trois fois avant qu’elle ne
m’adresse un petit sourire contrit. Je lui lance un gros clin d’œil en lui
demandant par gestes discrets de venir me rejoindre. Petit signe d’impuissance.
J’insiste en sortant délicatement le coin de mon album de sudoku, elle se
laisse convaincre et vient me retrouver sur le sofa à petits pas compassés dans
sa belle robe bleue satinée.
Complices dans nos sudoku nous
laissons se débobiner les conversations en face de nous. Je me demande combien
de temps ça va durer, si on va pouvoir manger, coucher ici, car le temps passe
et il est déjà 21 heures.
Enfin on nous invite à passer de
la maison des invités à la maison de famille, en face, de l’autre côté de la
route, ce qui est une mesure de faveur et c’est bien parce qu’on est de la
famille.
Cette traditionnelle famille
rajpoute m’explique G. la sœur cadette de J. maintient encore la bien
conservatrice habitude du purdah (censée ne plus exister depuis l’Indépendance)
qui fait qu’on cache les femmes dans la maison.
Je prends note et plaint la
pauvre femme qui n’arrête pas de recevoir des invités et qui n’en profite même
pas, toujours dans la cuisine à préparer quelque chose et ne peut même pas
tendre une oreille pour écouter ce qui se dit. C’est la grand-mère qui s’occupe
des conversations et tout ça dans la maison des invités. Le personnel s’occupe
du service. Heureusement, cette fois les trois femmes s’occupent de la cuisine
avec elle et se racontent les derniers potins.
|
dans la belle grand cuisine, bien aménagée, les femmes s'activent pour le repas |
Mais pas question de coucher dans
la maison familiale qui a des chambres libres. Le mari n’est pas là. Nous
repartons dans la maison des invités, le jeune couple prendra la chambre avec
la salle de bains, et les cinq autres, à savoir J. sa sœur G. et ses deux
enfants, la fille 22 ans, fine comme une brindille, artiste peintre, et le
fiston galopin 7 ans ½ ainsi que moi, occuperont le salon. Nous nous partageons
l’espace entre le lit king size et les sofas et pour ma petite envie au milieu
de la nuit j’irai comme les chiens marquer mon territoire dans la cour.
A chaque séjour en Inde, de
nouvelles découvertes, façon de vivre, de recevoir, d’inviter…
Seul le partage de l’intimité
dans une famille indienne permet de se rendre compte réellement de la condition
de la femme, de la façon d’éduquer les enfants, les différences entre pauvres
et riches, les traditions de castes.
Mais ici aussi il y a du changement.
Je vais dire à J. qu’elle arrête de se prendre pour la reine d’Angleterre en
acceptant que sa belle-fille fasse une génuflexion pour lui dire bonjour. Mais
après, elle va me dire que les traditions se perdent.
Ah merde ! Tiens je l'ai lâché tant pis ! Trop trop forte Madeleine, je vis chaque description comme si j'y étais, c'est tellement ça le grand décalage, à mourir de rire... et de chagrin parfois :( Ah, les plans foireux avec la famille, m'y suis perdue plus d'une fois lorsqu'on me vantait, par exemple, les qualités d'un frère tailleur pour couper mes tuniques et qu'on m'emmenait chez le tailleur du quartier... qui bossait très bien au demeurant
RépondreSupprimer! Comme toi, j'ai vite compris qu'il ne fallait PAS CHERCHER A COMPRENDRE ;) Mais alors qu'est-ce que je rigole en te lisant, ça me rappelle tant de situations drôles, après, j'en conviens. Ah vivement que tu mes les racontes à vois hautes, jadoooore :))) Bizzz
oui, il est certain que quand on connait le pays on apprécie à sa juste valeur et on voit tout ce que ça recouvre !
RépondreSupprimer