La France est bien un pays riche ? dit l’officier de
police à mon amie M au contrôle des visas à l’aéroport de Delhi. Surprise de M
à cette question. Vous allez à Patna ? reprit-il en lisant l’adresse en
Inde indiquée sur l’imprimé d’arrivée. Oui, dit-elle d’un air toujours aussi
surpris. Vous savez que Patna est dans le Bihar ? Vous voulez vraiment
aller au Bihar ? Vous savez que le Bihar est l’état le plus pauvre de
l’Inde ? Mais pourquoi vous n’allez pas au Rajasthan ? (sous-entendu :
comme tout le monde ?)
Et voilà comment un officier de police vous avertit
galamment que votre destination est pourrie et que vous feriez mieux d’aller
voir ailleurs s’il y est.
Mais bon, notre billet d’avion pour Patna était pris et nous
prenons la navette pour aller à l’aéroport national. Déjà nous sommes les
seules occidentales dans la navette. Et pour Patna les seules occidentales pour
le vol. Evidemment nous pouvons commencer à nous poser des questions. Patna,
capitale du Bihar, deux millions d’habitants, 35° C et pas mal d’humidité, la
mousson trainant en longueur et l’anglais est loin d’être parlé couramment.
Nous prenons un taxi pré-payé pour aller à notre guest-house, située dans un
quartier tranquille mais bien loin du centre et de la gare.
Le
lendemain, nous prenons une visite de la ville en taxi organisée par notre
hôtel, il n’y a pas énormément de choses à voir et tout est dispersé. En plus,
c’est Diwali et c’est la folie dans la ville à croire que tout le monde a pris
sa voiture pour créer des embouteillages monstres. Notre chauffeur, qui ne
parle pas un mot d’anglais, mais j’arrive à comprendre de temps en temps où il
veut en venir, file de bonne heure au
plus loin pour la visite d’un des cinq plus grands temples sikhs : Takht
Sri Patna Sahib.
Nānakou Gurū Nānak Dev (1469-1539) était un mystique et poète indien, maître
fondateur du Sikhisme et premier des dix Gurus du sikhisme. Il serait resté
dans cette ville trois mois lors de ses différentes pérégrinations à travers le
monde. Et le 22 décembre 1666 Guru Gobind
Singh est né à Patna. Guru Gobind Singh (1666-1708) est le dernier des dix Gurus
du sikhisme et le créateur du Khalsa, l'ordre chevaleresque des sikhs.
Le
Takht actuel a été fini en 1957. La pièce centrale et principale représente
l'endroit où Guru Gobind Singh est né. De l'or et du marbre parent le temple.
Beaucoup de reliques comme des sandales en bois, un vieil habit, un peigne, de
nombreuses armes sont conservés dans le temple.
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l'habileté et la beauté du travail des artistes indiens |
Visite
du temple sikh, magnifique, chants, méditation, tranquillité, offrande rituelle
« prasad » d’un gâteau sucré et nous allons voir un peu plus loin les
rives du Gange. Même si ça ne vaut pas les ghats de Bénarès, quand même aller
dire bonjour à notre Mère Ganga.
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petit coin au bord du Gange vraiment très familial |
Nous
partons ensuite visiter le Musée, superbe, dehors et dedans (belles collections
de statues, peintures, objets archéologiques).
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le musée de Patna avec à l'entrée une belle sculpture en briques d'une tête de bouddha |
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la cour intérieure avec une architecture plutôt rajpoute |
Nous payons le ticket d’entrée
maximum (500 roupies) afin de voir le trésor du Bouddha enfermé et cadenassé
dans une pièce spéciale qu’on vient ouvrir exprès pour nous… c’est dire la
foule (du moins ce jour là) qui vient voir ce trésor : des cendres du
Bouddha mélangées à de la terre, une petite feuille d’or, une perle. Pas de
photo mais on en trouve sur internet !
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les reliques du Bouddha Gautama enfermées dans une petite coupe à l'intérieur du stupa |
Petit
tour au Buddha Park pour aller méditer dans le grand stupa au centre du parc.
C’est 20 roupies déjà pour juste entrer dans le parc mais cela permet à de
nombreux jeunes couples de se conter fleurette tranquillement dans la
verdure ! Et partout nous sommes regardées comme des extra-terrestres, à
croire qu’ils n’ont jamais vu de femmes occidentales.
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le Buddha park situé en face de la gare principale, une oasis au milieu du vacarme |
L’énorme
silo à grains est fermé et les échafaudages lui font comme un traitement
d’acupuncture pour lui refaire une beauté. Mais pas de grimpette pour admirer
la vue générale sur Patna, ni chant à l’intérieur du silo pour écouter la
réverbération.
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Golghar : gros silo à grains prévu pour prévenir les famines dans cette région |
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et du coup privée de la vue panoramique sur la ville ! |
Le
soir arrive, les boutiques sont pleines de lumières pour Diwali, des petites
coupelles de terre pleines de ghee (beurre clarifié) où trempe une mèche
éclairent les trottoirs comme les couloirs de notre hôtel.
La plupart des gens ont rejoint leur famille pour fêter
cette sorte de « Noël » indien, fête de la lumière. Dans la nuit les
pétards et les feux d’artifice illuminent le ciel de Patna. Pollution, bruits,
lumière, temple, beauté et saleté, ça y est, nous sommes en Inde et de plus au
Bihar.
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derniers achats dans la rue, fanfreluches, décorations, bougies |
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ou bien or, pierres précieuses pour la femme de sa vie ? |
Mais aussi quelle idée de ne pas suivre le troupeau de touristes, hein ? Le but de voyager n'est donc pas de se retrouver par containers entiers entre compatriotes au même endroit pour ne pas être trop dépaysé justement ???
RépondreSupprimermais il y a aussi des sous-entendus financiers : si on va dans un état pauvre, on ne va rien dépenser (et de fait ce n'est pas forcément vrai car on s'est payé un taxi pour une journée). Mais au Rajasthan tout est fait pour capter les dollars et les euros... au Bihar on peut encore acheter au prix indien... car pour l'instant là où nous sommes nous n'avons pas vu l'ombre d'un.e occidental.e !
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