Après le retour du Cambodge un peu trop rapide, les petits soucis de santé réglés, un petit groupe du Cevied (voir cevied.org) m'attendait pour partir en Inde. Donc ça y est nous y sommes et j'accompagne à travers la campagne du Jharkhand un petit groupe de quatre personnes fort sympathiques et curieuses.
Kurum, le 16 mars 2017
|
au bord de la piste qui va à Kurum une maison traditionnelle avec son double toit en petites tuiles |
Kurum est un petit village de 125 foyers à 40 km de Gumla au
Jharkhand. Longue piste de terre tantôt craquelée, tantôt avec des ornières et
ravinée de tous côtés pour pouvoir y accéder. Notre chauffeur zigzague fort
bien entre les trous. Nous croisons quelques motos à passagers multiples, de
rares piétons car la piste est très longue sous le soleil (mais les kilomètres
sont malheureusement identiques sous la pluie), des rickshaws bondés
transbahutant une douzaine de femmes au marché hebdomadaire de la ville. Au
milieu du chemin une petite échoppe qui vend un peu de nourriture et de
boissons pour se réconforter dans le parcours d’obstacles.
|
pieds nus et avec courage pour aller à la ville |
|
pas grand chose mais un peu d'ombre et de quoi se redonner du courage |
|
la route vue de notre 4x4 |
Nous sommes accompagnés de Soumya et Prakash, deux
travailleurs sociaux de l’association NSVK et d’Ekta Parishad, qui oeuvrent
pour aider les peuples tribaux (adivasi) à prendre conscience de leurs droits
élémentaires, à savoir : droit à la terre, à l’eau et à avoir un abri pour
vivre dignement. Ils lancent ce projet de base dans dix villages qu’ils
repèrent auparavant comme étant intéressés par une évolution. Une fois ce
projet réalisé, ils choisissent dans ces dix villages, cinq avec lesquels ils
vont aller plus loin dans les projets : par exemple une agriculture bio,
une organisation différente du village pour éviter l’exode rural en maintenant
tous les habitants sur des projets qui leur permettront de vivre en autonomie.
Cela pendant quatre ans. Au bout de ces années, ces cinq villages vont prendre
en charge cinq autres nouveaux villages pour les aider dans leurs projets, et faire un transfert de
connaissances, et ainsi de suite.
|
montée sur la colline pour voir le travail d'adduction d'eau |
|
belle vue depuis le petit barrage |
|
la petite retenue d'eau (il a fallu tout monter à dos d'homme, le plus dur a été pour les tuyaux) |
Les projets que nous venons voir à Kurum sont : la
récupération de l’eau pour faire une bonne irrigation, la petite fabrique de
résine et la future banque de semences biologiques.
Nous partons grimper sur la colline en face du village pour
aller voir le petit barrage et la captation des eaux de source qui sortent de
la montagne. Depuis l’an dernier les tuyaux ont été changés et sont maintenant
complètement résistants aux chocs. Une petite mare a été créée en bas grâce à
un assèchement de terres humides qui vont permettre après terrassement
(terminé) de belles cultures de légumes car la terre est fertile.
Ce système permet d’avoir une irrigation et de l’eau huit
mois sur douze.
Encore au-dessus du petit barrage nous apprenons que vivent trois familles en autarcie, éloignées de tout et nous avons envie de voir de quoi elles peuvent bien vivre, mais elles ont leurs légumes et leurs céréales cultivés dans les champs à proximité, même une petite rizière. Nous devons goûter à leur bière de riz et c'est plutôt bon et rafraichissant !
|
le groupe au sommet après la bière de riz, toujours debout |
La petite fabrique de résine est dans un ancien bâtiment et
est très simple. Le village possède suffisamment d’arbres permettant cette
fabrication et qui sont taillés deux fois par an. Les branches sont coupées en
petits morceaux, eux-mêmes passés dans un broyeur, puis tamisés pour enlever
toute poussière de branche. Ces petits morceaux sont ensuite mis dans une sorte
de tonneau avec de l’eau et tournés grâce à un petit vélo. La production de cette
résine sert surtout dans la fabrication des peintures des carrosseries de
voitures et d’avions.
|
à quoi ressemble un arbre qui donne la résine ? à ça ! |
|
le tamis pour éliminer tous les restes de branches et feuilles |
|
les petits grains sont mis dans l'entonnoir et avec mon p'tit vélo... ça tourne ! |
Après l’agriculture c’est la deuxième ressource de ce
village. Un gros arbre rapporte environ dix mille roupies par an (environ 140
€), la production annuelle est d’environ cinq mille kilos de résine. Le prix du
kilo varie beaucoup en fonction de la quantité de bois disponible, mais il a atteint l'an dernier plus de dix euros le kilo à cause de la rareté de la matière première.
Nous passons voir le petit local où se tiendra la banque de
semences. Pour l’instant, les pots sont en train d’être nettoyés avant de
recevoir les graines, céréales, haricots divers, lentilles. Celui qui
empruntera un kilo de semences doit en redonner deux kilos et demi pour la
banque et permettre ainsi l’accès à de plus en plus de fermiers aux semences
biologiques pour éviter d’acheter des semences hybrides sur le marché. Et cela
marche très bien déjà dans un des villages soutenus par NSVK où l’on ira
demain.
|
le futur Kokoppelli indien ? |
Nous terminons notre visite encore ravi-e-s de cette journée
à la campagne où les changements entrepris permettent une vie plus agréable
pour la communauté.
Bravo Madhu une fois de plus de nous apporter la preuve que tout ce qui est infiniment petit est aussi intensément précieux ! Et que vive la collaboration, le partage de toutes et de tous à travers le monde, face requins aux dents longues de tous horizons... Bizzz
RépondreSupprimerCe commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimer