mercredi 23 décembre 2015

L’ashram des Beatles à Rishikesh



Les Beatles en Inde, mais oui, ça ne date pas d'aujourd'hui ! Ah ! mes belins belines, c'était du temps où on lançait encore des pavés... mais non, pas dans la mare... mais sur la maréchaussée... Ecoutez l'histoire....
L’ashram du Maharishi Mahesh Yogi (1918-2008) à Rishikesh s’étend sur environ 750 mètres carrés. On l’appelle Chaurasi Kutiya soit les 84 cottages, représentant les 84 postures de base du yoga. Il a été construit en 1961 sur un terrain loué pour vingt ans au Yogi par le Ministère des Forêts. Le terrain  a été récupéré à l’expiration du bail en 1981 et le yogi est parti s’installer avec ses disciples en 2003 en face de l’autre côté du Gange.
Une fois terminé son temps de méditation dans l’Himalaya en 1957, Maharishi décida de faire de ce lieu au bord du Gange son ashram de base pour introduire les techniques de Méditation Transcendantale qui utilisaient la pratique d’un mantra pour la relaxation, la réduction du stress et des techniques de développement personnel. Il enseigna à un grand nombre de disciples du monde entier, qui vinrent dans cet ashram, comme les Beatles en 1968, (nous y voilà !) les Beach Boys et Sri Sri Ravi Shankar (le yogi pas le musicien !)
L’ashram était spacieux et bien organisé. Calme et en pleine nature il était tout désigné pour encourager les disciples à la méditation et à vivre en harmonie avec la nature. Il y avait des halls de méditation et de prière, des petites cellules souterraines pour la méditation profonde complètement isolées de tout bruit et pour pouvoir s'exercer en secret à léviter... 
La nourriture était préparée par une cuisine centrale. L’ashram possédait son moulin à huile, à farine, il y avait un atelier de réparation pour les voitures, une banque, une poste et un héliport. Il y avait tout un réseau de canaux pour l’irrigation permettant de garder le terrain vert et au frais.

Propriété du département des Forêts de l’Uttarakhand , l’ensemble a été complètement laissé à l’abandon avec simplement un gardien pour que les gens n’entrent pas. Les gens qui en avaient entendu parler venaient jusqu’à ce bout perdu des rives du Gange et donnaient un pourboire au gardien pour aller se perdre dans les herbes folles, les serpents, tout en essayant de ne pas se perdre parmi les allées multiples, sans aucune indication et il fallait être déjà bien fûté pour arriver à trouver les huttes de méditation. Des artistes venaient y faire des graffitis, des fresques, qui sont restées bien sûr et on peut encore venir en faire avec l’assentiment du ministère des forêts.
Je trouvais dommage que l’état ne profite pas de l’engouement croissant pour cet ashram des Beatles. Je ne connais pas l’historique des décisions mais après quatre mois de travaux occupant cinq cents personnes, l’ashram a pu ouvrir au public le 8 décembre 2015 mais avec des tarifs un peu dissuassifs. Et pas moyen de négocier le prix… c’est fixé par le gouvernement. 

la nouvelle belle entrée, refaite à neuf, accueillante pour les touristes

Les infos et les prix d'entrée... même pour les Indiens ce n'est pas donné !
Par contre poussée par la curiosité, j’y suis allée après l’heure de fermeture, j’ai discuté avec le personnel, bien sympathique et pour moitié prix je me suis fait accompagner par le chef et son acolyte, fiers de voir toute mon admiration pour le changement effectué, car j’étais déjà venue plusieurs fois les années précédentes. Ils m’ont tout montré au pas de course car le soir tombait mais j’ai eu les explications sur les travaux, les nouvelles plantations faites, trop heureux de me faire savourer la beauté retrouvée de leur domaine. 

le chemin qui fait le tour, bien nettoyé aussi, enfin ! on y voit clair !
la grande allée principale qui traverse toute la propriété, maintenant bien accessible
Et j’ai pu découvrir ces fameuses habitations à dôme qui étaient devenues invisibles dans la jungle… 
toutes ces habitations peuvent apparaître maintenant au grand jour...

les logements des Beatles
les bâtiments administratifs et l'héliport
les logements des disciples, aux arcades de palais moghols
Dégagés de leur gangue de verdure, avec petits jardins...
la grande villa de Maharishi Mahesh Yogi
Un chemin de randonnée nature a été conçu tout autour de la propriété pour l’observation de la faune, flore, papillons… Donc si vous allez à Rishikesh, n’hésitez pas à prendre la passerelle de Ram Jhula et vous allez le long du Gange rive gauche, toujours tout droit, vous finirez bien par y arriver ! Et je vous assure que vous serez subjuguée par le travail de mise en valeur du site, enfin réalisé.

le Gange a la sortie de l'ashram, la solitude et le calme
Pour voir un de mes précédents passages dans ce lieu incongru, voir sur mon ancien blog : bijoliane.blogspot.com au 24 août 2012

vendredi 11 décembre 2015

Haridwar, ville sainte et temps humide

Pour venir dans l'Uttarakhand, à Haridwar, nous avons pris depuis Delhi le train Shatabdi Dehra Dun, le train des hommes d'affaires, qui en principe part à l'heure et arrive à l'heure. Donc acte ! Ca nous a changé de nos 8 heures de retard entre Varanasi et Delhi !
Petit déjeuner à bord en commençant par le thé du matin avec biscuits, journal du jour, bouteille d'eau, luxe et confort quand même.
Arrivés à Haridwar nous rejoignons notre hôtel à Vishnu Ghat, hôtel Aditya Deluxe, situé au bord du Gange, les chambres étant à dix mètres du fleuve... Toute la vie sur les escaliers sans trop se déplacer, vieillards courbés, mendiants et lépreux, familles de pèlerins avec bébé, saddhus à grande barbe et yeux un peu rouges, toute la faune incroyable des villes saintes se trouve sur ces escaliers sur des kilomètres.
Nous allons faire notre respectueuse salutation au samadhi de Mâ Ananda Mayi, à Kankhal, profitons de la librairie ouverte pour acheter le dernier ouvrage paru et nous promener vers le Gange.
au bord du Gange petit autel à Shiva avec le taureau Nandi

lingam de Shiva et Nandi face au Gange

Le soir nous partons bien en avance malgré la pluie pour participer à l'arati. Nous assistons ainsi à tous les préliminaires, que je n'avais jamais vus, jeter les poudres de couleurs dans le Gange, la lecture de textes, avant la grande cérémonie classique avec les grands encensoirs et les chants que tout le monde reprend en coeur. Ma Ganga Ki Jai !
Heureusement la pluie stoppe plutôt au bon moment et nous pouvons rentrer tranquillement à l'hôtel.

le Gange forme un bras au coeur de la ville, et sur ces rives toute la vie de l'Inde

ferveur, lumières, mantras sur les ghats d'Haridwar
lumières qui scintillent et sur le bord de nombreux hommes se baignent, même pas froid !


samedi 5 décembre 2015

Bénarès en spectacle

Après une nuit de train qui nous a emmené de Khajuraho à Varanasi (ou Bénarès), nous voici arrivés à la Fondation Krisnamurti à Rajghat Fort, très loin au nord, mais la tranquillité et la sérénité des lieux vaut bien quelques kilomètres d'éloignement. Nous partons presqu'au crépuscule prendre une barque qui nous remontera jusqu'aux ghats principaux pour aller voir ce qu'il faut voir à Bénarès : l'arati du soir. Il y a de nombreux récits sur ce blog et/ou sur le précédent pour les explications donc je ne m'étendrai pas.
De notre lieu d'hébergement nous passons devant un grand temple à Vishnou

nous descendons la colline pour prendre une barque au bord du Gange
le grand pont de fer, en haut la circulation automobile en-dessous les trains
Cette fois, notre arrivée par bateau depuis le nord change un peu la donne. Du calme de Rajghat nous arrivons à Dashashwamed Ghat en pleine effervescence, des lumières, du bruit, les haut-parleurs à fond, musique de mantras grésillants, les bateaux pleins de touristes, dont nous faisons partie, mais beaucoup d'Indiens quand même et notre batelier essaie de nous placer en stéréophonie pour avoir les deux aratis en place sur les ghats, des concurrents de toujours qui essaient d'en faire toujours un peu plus que l'autre dans les lumières, les clignotements lumineux, les présentations de bougeoirs, de plumeaux, les fumées d'encens et la beauté de leurs jeunes brahmanes officiants.

les barques arrivent progressivement le long des escaliers
la foule commence à se presser sur Dashahwamedh ghat
avec la stéréo sur Mir ghat !
De fait, à vouloir avoir un oeil sur ce qui se passe à gauche, une oreille sur ce qu'on entend à droite n'est vraiment pas la bonne solution pour avoir une participation un peu attentive et recueillie (si on veut bien !) et le groupe assiste avec beaucoup de recul à cette cérémonie très théâtrale, pensant à acheter sa petite barquette fleurie (les allumettes, où sont-elles passées ?) pour la poser délicatement sur l'eau de notre mère Ganga et posant un regard d'un côté sur les brahmanes qui élèvent leur encensoir, de l'autre sur les autres brahmanes, tout aussi jeunes, tout aussi beaux, tout aussi habillés en doré et en orange et qui eux élèvent leur immense chandelier à étages multiples qui leur musclent les bras.

Cérémonie qui maintenant dure une heure, mais la plupart des barques vont partir avant le lancer de fleurs dans l'eau et le Om Shanti shanti shanti final. Nous restons jusqu'au bout et profitons de la place faite pour nous approcher du bord des escaliers. Non, nous ne descendrons pas de la barque, pas envie de passer trois heures à récupérer tout le monde dans cette foule bigarrée où chacun-e peut disparaitre en vingt secondes !

Nous rentrerons doucement, laissant derrière nous encore les rumeurs des mantras, les éclats lumineux pour retrouver le fleuve et poser nos bougies en souhaitant la paix dans le monde. Les derniers éclats des feux des crémations et le noir de la nuit nous enveloppe...
nous quittons doucement les lieux illuminés
et nous redescendons paisiblement le Gange dans la nuit
sur Manikarnika ghat les feux des crémations ne s'arrêtent jamais
les vaillantes petites flammes de nos bougies pour la paix dans le monde

jeudi 3 décembre 2015

Khajuraho au coeur du tantra

Après une route infernale, tout en travaux, partis de Jabalpur à 8 h30 pour arriver à Khajuraho à 17 h30 quelque 300 km sans autoroute et souvent de la piste, notre moyenne horaire n'est pas top même avec une heure d'arrêt pour le repas. Le chauffeur était quand même bien fatigué !
Heureux d'arriver dans un petit hôtel très sympa, dans la verdure et les fleurs, sur la route de l'aéroport, Isabel Palace. Très bon accueil, bon restaurant, confortable, terrasse pour faire notre yoga matinal, tout est bien !
au petit matin notre cours de yoga au frais sur la terrasse

Bien sûr, Khajuraho est célèbrement connu pour ses temples aux sculptures érotiques. Un aéroport, des hôtels de luxe pour accueillir les nombreux touristes qui passent une nuit ici... j'espère qu'ils essaient tous de mettre en pratique ce qu'ils ont vu sur les temples. Voilà peut-être une explication aux nombreux salons de massage pour soulager les courbatures ou les lumbagos attrapés dans des positions édifiantes... Qui sait ? Mais quand même bien se rappeler que le tantrisme est une voie et une discipline spirituelle d'abord ! et d'accès peu facile : la pratique sexuelle doit être une source d'extase spirituelle.

Nous visitons d'abord tranquillement les jolis temples jaÏns et les temples du groupe Est.
la belle entrée fleurie pour les temples jains
prière dans la cour du temple

la préparation pour les offrandes
tout près du sanctuaire
Dans le temple de Parswanath (construit en 955) se mixtent hindouisme et jainisme

Nous traversons le joli petit village du vieux Khajuraho plein de couleurs. Personne ici n'hésite à peindre sa maison en violet, rose, vert, jaune...

Pour le repas de midi, l'hôtel Surya sur une des rues principales, la Jain Temple road, offre  un petit jardin intérieur tranquille avec un petit bassin et lotus ou une salle de restaurant si le soleil tape un peu fort.

Les temples les plus remarquables sont ceux du groupe Ouest. très anciens, Xe et XIe siècles, ils ont presque tous les mêmes caractéristiques architecturales et notre guide nous en expliquera deux en disant que les autres sont des répliques. Voilà une façon de se simplifier la visite et de laisser du temps au touriste qui a envie de se promener dans cet immense parc tiré au cordeau et magnifiquement entretenu. Oui, ça sert à ça de payer plus cher les billets d'entrée quand on est étranger... Ici l'entrée est à 250 roupies, plus 150 roupies si vous prenez un audio-guide, en français, bien fait. J'ai testé.
Mais là notre guide était vraiment très bon,  il a vu que nous étions excellent public (et que j'assurais pour la traduction !). Donc il s'est un peu "lâché" mais l'audio guide apprend également des pratiques que le guide n'ose peut-être pas formuler et évite de montrer les sculptures "litigieuses".

Les temples comportent quasiment tous un porche d'entrée, une salle hypostyle, un grand hall, un vestibule et une sorte de cellule. Sur l'extérieur, les shikharas, sortes de tours toutes sculptées et imbriquées font penser à une montagne, le Mont Meru, résidence de Shiva et centre du monde.
les temples sortes de montagnes

on distingue la structure du temple : porche d'entrée, salle, hall et les tours à arêtes
les magnifiques shikharas entièrement sculptés
et quand on se rapproche on est émerveillé, tout simplement

à l'intérieur, les sculptures autour de la cellule, dorées par la lumière du soleil couchant
l'art du maquillage au Xe siècle... pas de botox, pas d'implant, tout est nature
à l'époque le Vatican n'était pas là pour faire la leçon...
et si vous voulez en voir plus, déplacez-vous... c'est une très bonne excuse pour voyager.

Après, spectacle de danses folkloriques du Madhya Pradesh pour terminer la soirée en musique et en couleurs
rien à voir avec le cirque de Pékin mais tous ces jeunes gens s'amusent bien

le salut final

mardi 1 décembre 2015

Jabalpur, une journée intense

Je ne résiste pas à l'envie de sauter à pieds joints sur les étapes manquantes pour raconter un peu la journée d'aujourd'hui à Jabalpur. Quand nous sommes arrivés hier dans cette ville immense, poussiéreuse, bruyante, d'au moins deux millions d'habitants, je me suis bien demandée pourquoi cette ville était là au beau milieu de l'Inde alors qu'on pouvait se l'imaginer petit village tranquille au bord de la Narmada. Mais la journée fut riche en découvertes !
Déjà le fameux "balancing rock" dont on se demande comment il tient, peut-être juste un petit caillou suffit-il pour que l'équilibre se maintienne ?
une petite hésitation à passer dessous !

Puis dans cet amas de gros rochers, un joli petit temple constitué par un empilement de rocs et peints en bleu avec un brahmane prenant grand soin de ce lieu paisible.
joli petit temple de rocs bleus pour Shiva

En continuant notre chemin, nous arrivons à Madan Mahal Fort, situé au sommet d'une colline à 515 mètres et avec comme base un énorme rocher. La vue s'étend sur la campagne et les collines environnantes.
les dépendances du fort et la vue environnante

Un extraordinaire temple, le Chousath yogini temple du Xe siècle,  nous a offert la vision de 81 piédestaux où trônent de belles yoginis, malheureusement un peu saccagées (toujours par les mêmes) mais la beauté reste.

le Chousath yogini mandir du Xe siècle
les statues sont toutes installées en cercle autour du temple

une des belles yoginis
Je sais que vous attendez la suite mais il est une heure quinze...du matin et j'ai aussi ce lit magnifique qui m'attend et je trouve que je n'en ai pas assez profité ! donc la suite pour plus tard !

Donc je laisse la chambre tranquille, je poursuis quelques jours après ! Les chutes de Dhuandhaar nous attendent... ce n'est pas la meilleure saison car il y a moins d'eau en ce moment mais le lieu est hyper touristique, beaucoup apprécié des amoureux... Mais avant d'arriver en vue des chutes, un long serpentin de boutiques toutes plus attrayantes les unes que les autres pour les touristes et bien difficile sinon impossible de maintenir un semblant de cohésion dans le groupe !
original comme cadeau mais un peu lourd dans la valise : un magasin qui vend des
Shiva lingams -symbole de Shiva- en marbre
il n'y a pas que les boutiques, il y a aussi tous les saddhus qui profitent de la foule
pour demander l'aumône (ici à côté d'une statue d'Hanuman)

Les chutes de Dhuandhaar
en grimpant sur un promontoire on peut voir l'enfilade de la gorge

Un petit hôtel charmant et un excellent restaurant nous attendent pour un déjeuner sur une pelouse en face de la rivière où se trouve les fameux murs de marbre que nous ne verrons pas.
la vue depuis nos tables de restaurant !

D'autres temples nous attendent puis allons assister à l'arati sur la rivière Narmada à 19 heures. Nous y sommes bien avant et certains partent faire un tour en barque pour commencer à déposer leur coupelle de fleurs avec une petite bougie allumée sur le fleuve.
pour se faire mener en bateau
Nocturne indien sur la Narmada
L'ambiance est très familiale et nous sommes invités à participer à cette cérémonie, pour allumer les bougies, faire l'arati avec l'immense porte-bougies, les gens nous interpellent, veulent nous prendre en photos avec eux, à vrai dire nous sommes les seuls occidentaux ce soir sur ces escaliers à assister à la cérémonie !
ici aussi on peut allumer le feu !
préparation de l'arati devant le fleuve
l'offrande des cinq éléments et du feu à la Narmada