lundi 11 mars 2019

Comment revenir de l’enfer ? Les mines de charbon au Jharkhand


la société minière veut la place pour l'exploitation du charbon : on rase les
villages, on déplace les populations
Aujourd’hui, rude journée… nous allons dans des villages qui viennent d’être détruits par TATA pour l’un, énorme industrie indienne et par une entreprise minière du gouvernement de l’autre, mais les méthodes sont identiques.
Nous sommes accompagnés par les leaders de l’opposition et les chefs de villages qui font partie de la résistance aux sociétés minières.
Le premier village, détruit il y a trois semaines, va permettre à la mine de s’agrandir encore plus. Les peuples tribaux vivant sur ces terres envahies par les bulldozers et détruisant leurs habitations, leurs cultures en moins de temps qu’il faut pour le raconter, ont été obligés de partir moyennant une indemnisation ridicule, un bout de terre de 600 acres (environ 150 m2) bien insuffisant pour vivre et 50 mille roupies, alors qu’il faut environ 30 mille roupies pour une famille pour vivre correctement par mois maintenant. 

le lieu de la résistance, au milieu des ruines, avec quelques poussins qui courent
le sourire de la maman, malgré tout, avec ce qui leur reste pour vivre comme
des réfugiés
Un irréductible tribal, qui ne s’appelle pas Astérix et qui ne possède pas de potion magique, tente de résister avec sa femme et sa mère dans un campement de fortune pour continuer à faire valoir ses droits et refuse de céder son terrain. Mais jusqu’à quand ?
Un second village a été détruit il y a huit jours et là aussi, ils sont quelques-uns uns à résister parmi les ruines malgré les pressions physiques, morales, psychologiques énormes. On leur a coupé l’électricité et l’eau, on les menace sans arrêt pour les faire partir.

il y a huit jours les bulldozers ont tout détruit
Les droits de l’homme les plus élémentaires sont complètement bafoués et tout le monde s’en fout. Seules quelques associations luttant pour la justice et la paix, pour le droit à la terre, à la forêt et à l’eau sont présentes pour les soutenir, mais jusqu’à quand ? Les sociétés minières ont corrompu le monde politique, l’administration, la police et il faut être prêt à mourir pour défendre ce qui est toute leur vie : leur terre, leur maison.

les hommes brûlent les morceaux de charbon pour les rendre
plus légers, c'est le coke qu'on avait quand on était petit avec le poêle à charbon
Pour finir de nous démoraliser, nous allons sur le terrain près des mines où les femmes et les enfants vont chercher des gros morceaux de charbon pour les casser en tous petits bouts, les mettre en sac d’environ 50 kilos pour aller les livrer avec leur vélo surchargé jusqu’à Hazaribagh ou Ranchi, marcher deux ou trois jours pour vendre en cours de route les sacs de charbon qui permettront de faire la cuisine.
toute la journée, remonter de la mine  et recommencer
les femmes vont chercher illégalement de gros morceaux de charbon dans la
mine à côté

tout est cassé en petits morceaux

préparation des sacs
les sacs d'une cinquante de kilos sont bien ficelés sur le vélo prêt à partir
Les enfants viennent avec les parents dans cette atmosphère dantesque toute la journée, au loin les sirènes avertissent de la  prochaine explosion, qui devrait se produire à plus de deux kilomètres des habitations ce qui est loin d’être le cas. Nous quittons les lieux, bien sûr nous avons pris des photos, bien sûr que tous les travailleurs ne comprennent pas pourquoi et nous considèrent un peu comme venant d’une autre planète.

terre de feu, terre de désespoir, ambiance suffocante, no future... l'angoisse pour nous, la
pollution, la misère pour eux !
Nous allons essayer de faire quelque chose pour eux, une pétition, peut-être internationale, maintenant nous savons, nous avons vu, nous devons agir de notre côté. C’est notre toute humanité qui est bafouée par la puissance de l’argent. Mobilisons nous pour le changement !


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