Telle Isidora Duncan elle laisse flotter sa longue écharpe (mais juste pour le dessin !) |
Elle avait décidé de partir à 7
heures du matin. Mais après avoir bu son premier chaï (thé indien au lait et
aux épices) il lui restait encore tellement de choses à préparer même si la
veille au soir elle avait commencé à entasser de nombreux petits paquets. Mais
là il fallait préparer les parathas (sorte de grosse crêpe) du petit déjeuner,
croustillantes et tartinées de ghee (beurre clarifié), vider le frigo et
emporter toutes les courses faites la veille au marché. Et prendre une douche.
Bref à 9 heures nous faisons le
plein de gas-oil de la jeep prêtée par les voisins et remplie de paquets de
carrelage pour la salle de bains de sa mère. C'était pour là-bas, à la campagne
à quatre heures de jeep, entre Jodhpur et Jaisalmer, arrêt pour la puja au temple compris.
le petit temple en cours de route où la famille a l'habitude de venir faire des offrandes |
en échange le brahmane donne le "prasad" quelques sucreries |
la jeep bien dans l'axe de la porte, prête à repartir (et ça permet de la surveiller) |
Heureusement la majeure partie du
trajet était en "autoroute" payante, même si au dernier péage elle a
décidé de faire 50 roupies d'économie sous prétexte que le gardien de cabine la
connaissait. Elle s'est mise devant la barrière de péage et a attendu qu'elle
se lève, sans donner une roupie. Et la barrière s'est levée. Etait-ce la
surprise de l'employé, subjugué en voyant ces deux femmes en vieille jeep, la
conductrice laissant flotter son long voile rose ?
Après l'autoroute, ce fut la
petite route de campagne puis celle encore plus étroite à voie unique où le
camion d'en face allumait plein phares pour dire
"tire-toi-du-goudron-c'est-moi-qui-passe", ce qu'elle accepta vue la
taille du chargement de gravier.
la piste tranquille sous le soleil |
Après ? C'était la piste
tranquille à travers les collines de pierres, il suffisait de suivre les traces
dans le désert. Le petit chhatri (monument funéraire) au sommet de la crête,
tombe du grand-père, annonçait l'arrivée et la ferme apparaissait, petite
oasis.
entre les colonnes du chhatri on devine la ferme |
Grande effervescence dans la ferme
qui s'agrandit. Belle construction en pierres qui triple facilement la surface
initiale car nombreux sont les amis passant de bons moments ici. Visite des
travaux et je m'abstiens de tout commentaire sur l'organisation des pièces.
C'est leur façon de vivre et de faire.
inspection des travaux à faire |
Il y aura de la place dans la grande
salle des invités pour poser au moins une demi-douzaine de lits. Chacun pourra
y ronfler à l'aise après le bon repas de chasse et le(s) petit(s) verre(s)
d'alcool. Et toutes les couvertures matelassées sont bien entassées dans les
énormes cantines métalliques, bien naphtalinées.
C'est ça l'hospitalité indienne :
il y a toujours à manger et à coucher pour tout le monde. Mais j'ai encore du
mal à accepter de dormir à trois dans le même lit avec ma copine et sa mère,
surtout en gardant la lumière allumée toute la nuit.
Nous devions rester une nuit.
Mais elle était chef de chantier, conductrice pour aller faire les courses,
surveillait les travaux, donnait son avis, organisait les activités pour aider
sa mère. Il fallait aller à la ville chercher les carreaux pour la cuisine, ce
qui signifiait deux bonnes heures aller-retour, faire le marché pour la
distribution des légumes et du tabac aux journaliers le lendemain.
le carreleur en pleine action |
Je préférai
choisir la lecture à l'ombre et une promenade dans les cailloux plutôt que de
passer toute l'après-midi dans la poussière des chemins.
promenade dans le désert de cailloux |
les troupeaux paissent mais ça se rapproche plus du léchage de cailloux |
Elle décide de rester une
deuxième nuit. Promis, nous partirons en début d'après-midi me répondit-elle
concernant ma crainte de rouler de nuit. Mais partir à 14 h, c'était du rêve.
Qu'elle fasse le tour des travaux, déjeune, prenne sa douche et nous voilà à 16
h 30. La route la plus difficile sera faite au soleil couchant et il faudra
juste éviter tous les troupeaux qui rentrent pour la traite, les nids de poule,
les énormes tracteurs et leur gigantesque ballot de fourrage, les bus locaux
qui foncent comme des dingues et les motos à trois ou quatre passagers, sans
casque bien évidemment.
Et sur l'autoroute elle a décidé
sous prétexte d'être cliente fréquente de passer tous les péages sans payer en
se collant au plus près du véhicule de devant. Je me suis fait toute petite
dans la voiture. Et elle : c'est parce que je suis en jeep qu'on ne me
reconnaît pas, quand je passe avec ma voiture c'est sans problème.
Et moi de lui expliquer qu'en
France non seulement elle n'aurait déjà plus de permis depuis longtemps rien
qu'à sa façon de négliger de faire le tour des rond-points mais qu'elle aurait
aussi la police aux trousses pour non-paiement des péages. Mais bon, le
traumatisme c'est moi qui l'avais, pas elle.
Ah ah ah ! On se croirait en Inde !
RépondreSupprimerLa naphtaline oui, a encore de beaux jours et de beaux cancers devant elle, j'ai été effrayée d'en voir des étalages entiers là-bas...
La route et tout ce qui transite dessus, hommes, femmes, bêtes, véhicules ou ce qui y ressemble !
La répartition des pièces, oui, une autre culture, ceci dit, la maison a belle allure, pierres taillées, ma chère ;)
Certes, mieux vaut laisser une partie de soi en Europe pour sillonner le pays, ça me faisait bien rire de voir comme on est conditionné ici finalement:)
j'ai bien souri ... c'est peut-être ça l'aventure aussi...
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