mardi 31 octobre 2023

Y sont pas frais mes poissons ?

 Ce 31 octobre, nous sommes allées rendre visite au dieu Shiva à Somnath. Nous avons choisi la solution de facilité, à savoir le taxi, au lieu du bus brinquebalant nos vieux os pendant plus de trois heures !

Somnath est un haut lieu de spiritualité hindoue et signifie « Le Seigneur de la Lune » qui est un des noms de Shiva. Le temple de Somnāth est connu comme le « Sanctuaire éternel », car bien qu'il ait été détruit six fois, il a toujours été reconstruit. Il est dit que le dieu de la lune, Somraj, aurait bâti ce temple en or, en 649 avant JC,  reconstruit par Ravana en argent, par Krishna en bois et par Bhimdev en pierre.

C'est un lieu où Shiva est apparu comme une colonne de lumière.

Le temple est magnifique, situé en bord de mer d'Arabie, mais on y entre sans téléphone ni possibilité de prendre des photos. Les contrôles sont strictes et les femmes qui font la fouille en profitent pour vérifier si les occidentales ont les mêmes types de seins que les indiennes... ça papouille un peu quand même !


 


https://www.gujarattourism.com

notre taxi reprenant immédiatement la route du retour, nous lui avons dit que nous voulions quand même visiter un peu la ville aussi... ce qui l'a fortement surpris, car franchement, quand on vient de voir un temple pareil, pourquoi aller en ville, il n'y a rien d'abord, et sur le port ça sent mauvais !

Bon, il a fallu insister un petit peu et faire une bonne rallonge financière car tout ce qui n'est pas prévu est payant, et quand on est touriste, c'est notre job ; on paie sans arrêt...

Parties en ville nous nous arrêtons au prochain temple sur le chemin :

Bhalka Teerth 
Bhalka Teerth est l'un des temples les plus magnifiques de la ville de Somnath. Le temple Bhalka Teerth est connu sous le nom de Bethak de Mahaprabhuji et un arbre tulsi a été planté en l'honneur du Seigneur Krishna. Des banians parsèment la cour du spectaculaire temple de Krishna en grès. À l'intérieur du sanctuaire, il y a une idole inhabituelle de Shri Krishna dans une position semi-couchée.


l'entrée du temple

Ensuite petit tour dans le marché pour voir un peu l'ambiance et la dernière pointe de la mode pour les femmes musulmanes (le Gujarat est un état musulman, sans alcool).

porter du noir par cette chaleur, (34°) il faut être
vraiment courageuses...

et ensuite, bien sûr le port avec les bateaux de pêcheurs qui apportent les dernières livraisons de poissons.



les bateaux ne sont plus de la première jeunesse

Et bien évidemment au menu du soir, du poisson, sinon pourquoi être au bord de la mer ?

lundi 30 octobre 2023

Le tourisme est en route à l'île de Diu

 Incroyable mais vrai ! Hier, dimanche 29 octobre, nous avons eu droit à tous les honneurs pour être les premières voyageuses à profiter de l'ouverture de la ligne aérienne Ahmedabad -Diu !

A l'arrivée à l'aéroport, ballons, gâteau au chocolat gigantesque (j'en ai eu 2 parts, délicieux, un peu difficile à manger comme petit déjeuner quand même !). En achetant nos billets d'avion nous ne savions pas du tout que c'était l'inauguration et c'était la surprise !


Pendant le vol, nous avons eu (non, pas de champagne malheureusement !) une carte postale commémorative et prise de photos par les hôtesses. L'avion était presque vide et il a fallu que les hôtesses équilibrent à gauche et à droite les passagers dans l'avion !

et à l'arrivée, interview pour les "breaking news", les dernières nouvelles de la télé ! avec accueil, bouquet de roses mais toujours pas de champagne !


et aujourd'hui, nous cherchons l'Office du Tourisme, car avec cette nouvelle ligne aérienne, c'est quand même fait pour recevoir de la visite !

et bien nous avons cherché un bon moment et là, il y a encore de GROS progrès à faire au niveau de la communication !

ce petit bureau est coincé dans un recoin d'une vieille usine et il faut vraiment être rusée pour le trouver.

Voilà à quoi ressemble l'office du tourisme
de Diu !


Mais à l'intérieur, le monsieur tout content m'a donné plein de documentation !

Nous avons été voir le temple de Gangeswhar, très particulier, puisque les shiva lingams (les symboles phalliques représentant Shiva) sont au niveau de la mer et régulièrement arrosés par les vagues...

C'est mystique et touristique !

l'entrée du site

juste au niveau de la mer, arrosés par
les vagues, les 5 lingams de Shiva


samedi 28 octobre 2023

Le Calico Museum, un musée du textile fabuleux !

 Nous avons passé la journée dans ce musée absolument extraordinaire. Allez voir sur les différents onglets de leur site pour avoir une idée :

https://www.calicomuseum.org/visiting-the-museum-galleries/

Comme il est interdit d'avoir un appareil photo ou un téléphone, vous aurez les photos du site qui sont très bien !

Nous avons sagement réservé plusieurs jours à l’avance par internet nos deux places au Calico Museum d’Ahmedabad, comme demandé sur le site. Et il faut bien le faire en avance et attendre l’accord donné par mail la veille au soir. Sinon, pas question de rentrer, pas de dérogations possibles, même en pleurant à chaudes larmes. Vingt personnes maximum le matin, autant l’après-midi et la visite commence à l’heure, tant pis pour les retardataires. Les visites sont gratuites. A chaque fois deux heures d’admiration devant des chef-d’œuvre de broderie, de tissage, de teinture, de peinture sur tissu, de décoration d’une délicatesse absolue.

C’est toujours la même dame qui fait la visite, depuis des années, à savoir au moins quinze ans. Elle est toujours aussi abrupte dans son contact avec les gens mais toujours aussi passionnée par son travail.

Le Calico Museum est, pour ma part, le plus beau musée que je connaisse au niveau textile. Une véritable merveille, dans une demeure extraordinaire avec un parc qui l’est tout autant, des bassins, des paons, de la verdure partout et ceci en plein centre d’Ahmedabad.

Nous sommes obligées de faire la visite rien qu'avec nos yeux et nos oreilles, nos jambes aussi car il faut en grimper des étages et traverser des couloirs et longer des galeries !  Pieds nus car il convient de laisser ses chaussures à l'entrée, comme dans toute maison indienne qui se respecte. 

Cet état de simplicité et la faible lumière qui règne dans tout le musée afin de respecter au mieux les couleurs, les tissus pour une conservation idéale font que le regard s'adapte petit à petit. Les explications de notre guide passent du discours traditionnel à une sorte de transe quand elle décrit les tissus où sont représentés Krishna et son aimée Radha. Elle désire tellement nous faire comprendre cette beauté, cet amour de l'art textile quand il s'adapte à des scènes touchant les dieux que nous comprenons que ces gens qui brodent ou peignent depuis plusieurs siècles de telles merveilles sont directement connectés à un état de grâce indicible, sinon comment pourraient-ils utiliser des aiguilles aussi fines, faire des broderies aussi délicates et précieuses, y passer des jours et des nuits, créant leurs motifs sans avoir de modèles, laissant aller leur inspiration et leurs fils d'or et de soie courir si prestement sur le tissu ?


 

Belle leçon d'humilité et d'amour du travail parfait que nous donnent tous ces artistes inconnus. Combien d'hommes, combien de femmes, combien d'heures, de jours, de semaines, parfois d'années à créer de pareils trésors ? Et que nous pouvons admirer tranquillement aujourd'hui, deux cents ou trois cents ans plus tard...


mercredi 25 octobre 2023

La folie des grandeurs

 Nous partons ce matin dans une zone tribale au fin fond du Gujarat, que je ne connais pas, pas plus que  Jaydev. Il a simplement un nom de chef de village et un téléphone. 

Nous passons par une route superbe, bien goudronnée, bien entretenue, c'est bizarre... mais nous comprenons vite que nous entrons dans l'immense zone touristique de la "statue de l'Unité" annoncée déjà depuis des kilomètres.


 

"La Statue de l'Unité  est une statue à l'effigie de l'homme d'État indien Sardar Vallabhbhai Patel, située sur un îlot du Narmada, près du barrage de Sardar Sarovar, dans l'État du Gujarat, en Inde.

Haute de 182 mètres, ou 240 mètres avec la base, elle est la plus haute statue au monde. À titre de comparaison, sa taille est approximativement quatre fois celle de la statue de la Liberté. Sa construction a commencé le et elle a été inaugurée le

Le projet a été voulu par Narendra Modi, alors gouverneur du Gujarat et devenu ensuite Premier ministre de l'Inde. Celui-ci — nationaliste indien notoire — inaugure en grande pompe la statue géante de Sardar Vallabhbhai Patel, héros du nationalisme indien. Or, le revêtement en bronze de la statue a été réalisé par une société chinoise, dont la collaboration a été vivement critiquée par le parti d'opposition, le Congrès national indien.

Cette réalisation suscite une polémique en Inde, où de nombreuses personnes, notamment des responsables de communautés villageoises, estiment que la statue n'aurait pas été approuvée par celui qu'elle représente, qui était hostile à la glorification individuelle. De plus, les contestataires rappellent que le pays a bien plus besoin d'écoles, d'hôpitaux et d'infrastructures. L'opposition politique y voit une œuvre de propagande, Patel ayant été un membre fondateur et une personnalité éminente du Congrès national indien. Selon ses détracteurs, le Premier ministre Narendra Modi cherche à s'approprier l'histoire de l'indépendance de l'Inde, quitte à détourner et récupérer des figures emblématiques que sa famille politique a combattues en son temps." Wikipedia

Un vaste territoire est bien gardé par la police, il y a un parking obligatoire pour les voitures particulières et de charmants rickshaws tout rose... C'est le gouvernement qui a eu l'idée de former 140 femmes pendant un mois pour devenir conductrices de rickshaws et elles sont soit salariées  à 8000 roupies par mois (1 € = 85 INR) en travaillant de 9 h 30 à 18 h, soit en contrat et elles viennent travailler quand elles veulent ou peuvent. Nous discutons de toutes ces modalités avec une jeune femme, mariée, un enfant déjà grand et qui est contente de son travail.

la ligne des rickshaws roses attendent les touristes

 

Mi et la conductrice de rickshaw

Même si nous ne tenons pas à cautionner ce symbole de la toute-puissance de Modi et de sa volonté de domination, nous allons voir de loin la statue pour continuer à discuter avec notre conductrice et lui payer l'aller-retour (110 roupies x 2). Le ticket d'entrée est de 350 roupies plus 30 roupies de navette. 

La statue surplombe le fameux barrage Sardar Sarovar Dam sur la rivière Narmada, qui a l'époque avait eu de nombreux détracteurs. La première pierre a été posée par Nehru en 1961 et il a été inauguré par Modi en septembre 2017. Il apporte eau et électricité au Gujarat et à son voisin le Maharastra.

La statue de Patel

 

La région est absolument magnifique, le lac, les collines verdoyantes tout autour en font un environnement paisible et serein. Mais franchement, de voir cette statue immense qui domine ce paysage n'aide pas à l'écologie du lieu compte-tenu des kilomètres de routes, d'autoroutes qu'il a fallu faire, même si des parcs sont aménagés, des fleurs sont plantées, et que toutes les infrastructures en ont profité ! nous n'avons jamais aussi bien roulé que dans cette région... Mais les terrains ont pris une valeur folle, tant mieux pour ceux qui se trouvaient là et qui essaient, comme le propriétaire de notre guest-house, d'utiliser au mieux ces avantages pour faire des aménagements touristiques.

 

Nous passons sur le barrage et continons notre route en voyant au loin cette immense silhouette  dominer le paysage. Modi doit être satisfait.


mardi 24 octobre 2023

Un archer en plein dans la cible

 

 Nous quittons Ahmedabad avec contentement, les klaxons incessants, la circulation intense nous mettent une tête comme une citrouille, même si ce n'est pas encore tout à fait l'heure d'Halloween.

Nous allons dans la région de Chhota Udepur, dans le village de Nasvari, pour rencontrer un homme assez étonnant, Dineshbhai Bhil. Bhil est le nom d'une tribu primitive indienne. En Inde la "ceinture tribale" s'étend du Gujarat jusqu'au fin fond de l'Est indien en passant par le Jharkhand.

Il faut savoir que les enfants tribaux sont très souvent ostracisés et ont du mal à aller à l'école car ils servent souvent de souffre-douleurs. Dinesh a pu aller jusqu'à la troisième tant bien que mal mais faisait du tir à l'arc, comme la plupart des enfants tribaux, pour chasser dans la forêt. Il a été remarqué, pris en charge et a obtenu une médaille d'or et deux médailles d'argent aux championnats de l'Inde.

Dineshbhai nous accueille dans son salon plein de
photos souvenirs avec des célébrités

 
la gentillesse et le sens du service

Après sa période de championnat il part à Delhi pour se perfectionner puis à Calcutta afin d'entraîner des jeunes, des officiers de police, devenir ensuite officier pour le développement du sport, reconnu par le gouvernement.

Le 1er mai 2016, le chef ministre du Gujarat, inaugure la fondation d'une nouvelle académie d'archers à Chhota Udepur. C'est Dineshbhai qui dirige cette école qui attire nombre d'enfants tribaux pour devenir des archers professionnels et penser même aux Jeux Olympiques.

les débutants, fermement décidés à recommencer le
même geste pendant des heures avec leur élastique

 

Il y a en ce moment dans son école que nous sommes allés voir, 45 internes qui vont au collège voisin pour suivre leurs études et qui s'entraînent tous les jours sur le terrain à côté. Nous avons interviewé le meilleur archer qui vise les JO et qui prépare à côté un diplôme de littérature anglaise. Il s'entraine chaque jour de 5 à 9 h du matin et encore 4 h en fin de journée. 

Futur médaille d'or ?

 

C'est un temple qui leur fournit l'argent pour acheter la nourriture et aider au fonctionnement.

Nous avons été vraiment enchantés de notre rencontre avec Dineshbhai, d'une grande gentillesse et d'une simplicité chaleureuse. Il consacre maintenant à 47 ans, toute sa vie à former des enfants tribaux et à leur donner la possibilité d'avoir un métier. Sa fille est elle-même championne d'archerie.